Il y a des livres qui interrogent, avec une certaine efficacité, notre capacité de compréhension, qui nous font nous demander si l'on est con ou si l'on nous prend pour des cons. Ils sont, pour nous, dures à lire et à comprendre; on peine à les entendre et il n'y aurait sans doute pas de problème si d'autres ne venaient pas en même temps crier à l'oeuvre du génie. Hein? Quoi? Quel génie? Sérieux? C'est pour ça que je n'ai rien compris? Ainsi, je l'avoue je n'ai rien compris au roman d'Aslı Erdoğan. Bien sûre, elle parle de prisons et de tortures dans son pays la Turquie mais sinon? Je n'ai pas compris l'écriture et n'ai rien saisi au propos. J'ai vu défiler des mots sur des pages. J'ai voulu les saisir et les attraper mais rien y fait ils se sont envolés. J'ai lu sans comprendre, j'ai lu sans rien entendre. Qui était "je", "il", "ils"? Que veulent dire les mots? Et les phrases? J'ai eu l'impression qu'ils n'avaient pas de sens, qu'ils étaient là simplement pour donner le La, pour donner un son, une musique. Et encore, ce sont toujours les mêmes qui reviennent. C'est la "tête affaissée", le "cri", la "branche", les "feuilles", "la bougie de la résistance", l'"halo de solitude", "les deux parties inégales" de "ce visage déchiré par une cicatrice". Je m'arrête là pour ne pas davantage étaler? Non, je vais, un peu, continuer. Il y a le "j'ai reconnu ta voix, ma propre voix qui a pris vie en toi" ou encore "la nuit va s'achever", l' "aube va se lever", "les étoiles vont ...". Blablabla. Je rigole mais il n'y a pas de quoi. C'est de la poésie, apparemment. Ça doit me dépasser, forcément. En quatrième de couverture, il est écrit qu'il s'agit là d'un "texte rare sur l'un des non-dits de la vie en Turquie". Je souris. S'il y a bien un livre qui fait dans le non-dit, c'est bien celui-là même qui se plait à enrober de poésie l'horreur et la cruauté que l'on a servi aux malheureux prisonniers au point que l'essentiel du sujet disparaît. Il ne reste alors dans ce livre qu'une prétendu poésie. Et les tortures? Et les prisons? Et Diyarbakir? Et la célèbre geôle numéro 5? Aslı Erdoğan l'évoque? Où? Quand? Comment? Pour parler de l'horreur, il faut la montrer. Ce n'est certainement pas ce que fait Aslı Erdoğan qui se réfugie derrière son bâtiment de pierre pour ne pas l'évoquer. Une déception.
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