
Le régime politique turc, on le sait, n'est pas tendre. Il réprime férocement celles et ceux qui ne sont pas d'accords. Ils sont de gauches, arméniens, kurdes, homosexuels. Ils sont ces minorités qui troublent l’homogénéité nationale tant recherchée. Ils sont les parias de la République de Turquie. Et ils prennent vie dans cette histoire racontée par la militante pacifiste. Pınar Selek dessine, en effet, un quartier lumineux, chaleureux qui brille par sa bienveillance et son humanisme. Il abrite des gens de gauche, des Arméniens, des Kurdes, des Grecs, des pauvres, une prostituée; des gens qui n'ont pas de mal à vivre ensemble; qui s'unissent par un lien profond, d'amitié et de fraternité quand ailleurs on essaye de les opposer, on s'amuse à les mépriser et les réprimer. Yedikule est, ici, le quartier où la solidarité est le lieu de résistance des plus opprimés.
Ce roman émeut. Il émeut par l'écriture tendre de Pınar Selek. L'auteur a, pour ses personnages, une affection, une amitié. Elle les tient, on le sent, en respect. Elle est douce, avec eux. Elle est caressante, attendrissante. Mais elle est malheureusement sans surprise. Et c'est là le défaut de ce livre. J'ai, en effet, rencontré dans ce livre tous les exclus de la République de Turquie que j'étais certaine de retrouver. Je sais les champs d'études de la sociologue, je sais qu'elle s'intéresse aux oubliés et réprimés et je n'avais, de ce fait, aucune difficulté pour annoncer, au cours de ma lecture, le prochain déshérité que j'allais rencontré. Pas de faute, pas d'oubli, j'ai retrouvé Pınar Selek dans ce roman. Sans surprise. Dommage pour la lectrice que je suis.
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