lundi 25 avril 2016

L'invention des ailes - Sue Monk Kidd

C'est Pretty Books qui m'a convaincue, c'est elle qui m'a fait acheter ce roman. Elle en parlait si bien que je n'ai pas voulu résister. Le résultat? Il n'a pas été le coup de coeur espéré. Il est agréable et fluide. Il est intéressant et émouvant mais il a manqué pour moi de cette petite touche d'originalité, de ce petit quelque chose qui fait la puissance et la beauté. Je ne saurais autrement l'expliquer. J'ai aimé mais je n'ai pas été emportée. J'ai aimé découvrir le parcours, même romancé, d'une femme qui a existé; une femme qui n'a pas approuvé l'esclavagisme, qui a refusé le moule confortable dans lequel elle était installée. J'ai aimé, approuvé son combat pour la Liberté: la sienne, en tant que femme, et celle de ces esclaves à qui on a consciemment ôté toute humanité. J'ai aimé, enfin, entendre la voix de ces esclaves meurtries, torturées, humiliées mais qui, en dépit et malgré tout, ont préservé leur dignité. Ces femmes sont belles, resplandissantes parce qu'elles sont capables de résister. Elles sont à aimer. Le roman est à conseiller. 

L'invention des ailes, Sue Monk Kidd, Edition 10/18, 549p, 9.10

   

lundi 18 avril 2016

Les vieilles - Pascale Gautier

L'écriture est pleine d'énergie mais ça n'a pas suffit. Je n'ai pas été enthousiasmée. Je n'ai pas adoré. Je n'ai même pas ri. Ça se voulait fun, drôle, pétillant en racontant quelques histoires sur "les vieilles" mais je n'ai pas adhéré, je ne me suis pas marrée. Pourquoi? Je ne sais pas vraiment. Peut-être parce que, contrairement à ce que dit la quatrième de couverture, l'auteure fait justement, selon moi, dans les idées reçues? Il n'y a, pour moi, en effet, rien dans ce roman qui puisse me faire dire qu'il y a comme une volonté de "prendre avec humour le contre-pied de certaines idées reçues sur la vieillesse". Pascale Gautier dessine, au contraire, des portraits de vieilles femmes qui correspondent à l'image diffusée: elles vivent dans l'ennui, la maladie, l'idée de la mort. Elles sont agaçantes, énervantes, fatigantes et font constamment dans la jérémiade. L'auteure est si bien dans les idées reçues qu'elle leur fait dire que "c'était mieux avant"; que tout est nul, que rien ne vaut si ce n'est leur personne ... en bref, rien de nouveau sous le soleil des poncifs.

Les vieilles, Pascale Gautier, Folio, 214p, 6.50€

vendredi 15 avril 2016

Autopsie d'un père - Pascale Kramer

La quatrième de couverture m'avait convaincue: j'ai donc accepté la réception du roman en échange d'une critique dans le cadre du jeu "Masse critique". Je pensais à une analyse de la société actuelle et à une évocation de ses maux; je pensais à une réflexion sur le monde médiatique et politique mais rien de tel, malheureusement. En lieu et place de ce que je pouvais espérer après lecture de la quatrième de couverture, j'ai lu l'histoire d'une relation plus que déprimante; celle d'une femme avec son père. Et encore, même ici, je n'ai rien compris. Pourquoi Ania s'est-elle détachée de son père? Pour quel(s) raison(s) le fossé s'est-il autant creusé? Qu'est-ce qui explique ce froid? cette absence d'amour? Je n'ai pas saisi. 

La maison d'édition interroge de son côté: "Que s'est-il passé pour que ce père en vienne à rétrécir ses vues au point de tremper dans une affaire aussi sordide et de devenir un paria?" Peut-elle me livrer la réponse? C'est que je ne l'ai pas trouvé dans le roman. Je n'ai pas compris, en effet, pourquoi et comment ce père, journaliste de gauche, en est venu à tenir des propos contestables. Pourquoi en est-il venu à soutenir l'indéfendable, l'inexcusable? Qu'est-ce qui explique le basculement, le changement? 

Flammarion continue: "En auscultant une France sous tension et au bord de l'explosion, Pascale Kramer nous offre un puissant roman sur le basculement politique et le repli sur soi, qu'elle met en scène de manière intime et collective." Je suis bien navrée de n'avoir rien lu sur ce sujet. J'ai vu, perçu, un décor qui y ressemblait mais ce qui nous était présenté, ce sur quoi insistait davantage l'auteure c'était, je crois, la relation ratée entre un père et sa fille et je n'ai guère apprécié sa manière de nous la raconter. Je me suis sincèrement ennuyée: c'était vide, superficiel, froid. Pas d'analyse, pas d'approfondissement. Rien qu'un récit malmené par une écriture que je n'ai pas appréciée.

Livre envoyé par Flammarion en partenariat avec Babelio. 

Autopsie d'un père, Pascale Kramer, Flammarion,174p, 17€

mercredi 13 avril 2016

La Rose dans le bus jaune - Eugène Ebodé

Que sait-on de Rosa Parks? Elle a refusé de céder sa place à un homme blanc mais après? Que s'est-il passé? Curieuse, j'ai acquis, sans hésiter, ce roman pour le découvrir. La Rose dans le bus jaune raconte donc comment, par un "simple" refus, Rosa Louise McCauley Parks est devenue Rosa Parks, la fameuse, la célèbre, celle qui est, depuis, considérée comme la "mère du mouvement des droits civiques". Soutenue par la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) et le jeune Martin Luther King alors agé de 26 ans, Rosa Parks devient le symbole d'une résistance qui se veut pacifique. En refusant de céder sa place, elle fait déborder le vase. C'est LA goutte d'eau: les opposants aux lois Jim Crow se rassemblent et font mouvement: ils veulent et espèrent le changement. Le roman raconte comment.

Je l'espérais puissant et imposant; je l'ai trouvé léger et flottant. L'écriture, fluide donc agréable, manque, en effet, de cette force que j'admire tant: celle qui tranche, qui sublime, qui impressionne; celle que j'admire chez Hugo ou Zola. Ici, la force n'est pas dans l'écriture et la narration; elle est dans cette petite goutte d'eau qu'incarne Rosa Parks. C'est pour elle que je conseillerais le roman.

La Rose dans le bus jaune, Eugène Ebodé, Folio, 384p, 7.70€

mardi 5 avril 2016

Quatre-vingt treize - Victor Hugo

1793, l'année de toutes les émotions, de tous les drames, de tous les espoirs; l'année où la Révolution marque le corps et l'esprit du Royaume de France. Le Roi est condamné, la Monarchie est rejetée, la République est proclamée; dans le sang et la douleur: la guerre civile mine le pays qui voit s'affronter les partisans de la République et les fidèles du Roi, ici, représentés par les Vendéens qui se révoltent en effet contre le Centre c'est à dire Paris. C'est la violence politique et sociale qu'il écrit; le combat acharné des deux camps qu'il décrit. Au nom d'un idéal qu'ils veulent voir concrétiser, citoyens et sujets se font la guerre pour gagner le droit de peindre la France aux couleurs de leur drapeau. Sous la plume de Victor Hugo, c'est forcément puissant et passionnant. C'est intelligent, bien écrit, bien mené. C'est pleines de questions, de curiosités: la Révolution, qui s'impose de manière radicale, se fait-elle forcément dans la violence? Doit-elle être intransigeante, implacable? Doit-elle sacrifier l'Homme pour pouvoir concrétiser l'Idée? Ne se contredit-elle pas quand elle sème la mort pour atteindre la Liberté, l'Egalité? Les moyens qu'elle emploie justifient-ils la fin qu'elle espère? En écrivant 93, Victor Hugo pose les questions que tout projet révolutionnaire impose. Le roman est d'une richesse, d'une qualité... il est forcément à conseiller.

Quatrevingt-Treize, Victor Hugo, Le Livre de Poche, 575p, 4.70€