vendredi 25 décembre 2015

Histoires extraordinaires - Edgar Allan Poe

Je m'attendais à une lecture passionnante, je suis tombée sur des nouvelles ennuyantes. Quelle déception! Je n'ai pas du tout aimé, j'ai même détesté. Le style est bon, l'écriture est puissante mais le contenu est, pour moi, terriblement inintéressant. Les explications "rationnelles", "scientifiques" de ces "histoires extraordinaires" m'ont fatiguées, épuisées. Je n'ai pas su gardé l'attention, je divaguais, perdais le fil de ma lecture, il me fallait donc revenir en arrière pour relire les passages survolés. Avec quel agacement! Quel ennui! Quelle fatigue! En ces périodes colorées et festives, je n'avais pas du tout besoin de cela! Pour avancer dans ma lecture sans vomir, j'ai lu à petite dose, chaque jour une nouvelle, mais même ainsi ça n'allait pas; c'était beaucoup trop. Autant vous dire que je suis contente de l'avoir terminé et de m'en être débarrassé. Le tome 2 m'attend, malheureusement. Je crois qu'il m'attendra encore  longtemps.

Histoires extraordinaires, Edgar Allan Poe, Le Livre de Poche, 320p, 3.90€

mardi 22 décembre 2015

Trois femmes puissantes - Marie NDiaye

A la lecture des premiers mots, des premières phrases, j'ai cru à un roman puissant. La plûme semblait forte, imposante et élégante. Je pensais donc prendre un certain plaisir à découvrir l'histoire racontée mais, malheureusement, ce n'était pas aussi agréable que j'aurais pu l'espérer. Je me suis, en effet, parfois ennuyée, parfois agacée des longueurs, de la lenteur, de la lourdeur de l'écriture et du propos. Les tourments intérieurs des personnages ont fini par me lasser, surtout ceux de Rudy Descas, et je n'ai pas été éblouie par la puissance des femmes ici évoquées. Elle ne sautait pas véritablement aux yeux même si elle existait, un peu en effet. Le roman n'est, en soi, pas désagréable, il peut donc être conseillé, mais il n'est pas l'excellence, la puissance que j'aurais aimé lire et découvrir. Dommage. 

Trois femmes puissantes, Marie NDiaye, Folio, 336p, 8€

 

jeudi 17 décembre 2015

Les âmes grises - Philippe Claudel

En un mot: excellent. J'ai trouvé ce roman raffiné, d'une beauté, d'une élégance, d'une poésie à tomber. J'ai été séduite par la plume douce et légère, pleine de grâce et d'harmonie, d'une délicatesse et d'une bienveillance à l'égale de celle que j'ai rencontré et apprécié dans La petite fille de Monsieur Linh. Plus que l'histoire, c'est l'écriture qui m'a envoûtée. C'est elle qui m'a emportée. Elle dégage une lumière qui éblouit, une lumière qui réchauffe le cœur. Pourtant, elle porte sur elle une histoire tragique, dramatique. Elle écrit la souffrance, la douleur, la solitude et même l'horreur de l'injustice. Elle raconte ce qui colore la vie en noir mais elle le fait avec une lumière si pure si blanche que ça donne en effet du gris; une couleur qui marque l’ambiguïté, l'équilibre et la complexité parce qu'elle refuse le manichéisme. Et c'est ce qu'écrit ce roman avec une admirable efficacité. Je ne peux que vous le conseiller.

Les âmes grisesPhilippe Claudel, Le Livre de Poche, 280p, 6.60€

mercredi 16 décembre 2015

Le cercle des femmes - Sophie Brocas

C'est un bon roman, agréable à lire mais il ne faut pas s'attendre au génie. Et ce, pour plusieurs raisons. Commençons par la première: le secret dévoilé n'est, à mes yeux, pas bien pertinent. Je l'ai trouvé beaucoup trop petit par rapport aux conséquences qu'il fait naître, à l'influence qu'il a dans la vie du personnage principal. On peut s'étonner, être choqué par sa découverte mais de là à en faire le drame de sa vie, c'est, pour moi, un peu trop tiré par les cornes. Deuxième raison: les commentaires de Lia, jeune fille qui découvre par inadvertance un secret de famille jalousement gardé par son arrière grand-mère manquent de crédibilité. Ça manque de naturel et de subtilité. Ça sonne creux et faux. Terminons, enfin, par le troisième point négatif: la "théorie" de l'auteure ne me convainc pas véritablement. Je ne pense pas qu'un secret de famille soit de nature à influer inconsciemment sur le comportement de ses membres. Influence s'il y a, elle résulte du comportement de celui ou celle qui garde le secret. Autrement dit, ce n'est pas le secret en lui-même qui agit sur la descendance mais l'ascendant qui ne veut pas dévoiler une vérité et qui agit en conséquence. En l'espèce, c'est l'éducation de l'arrière grand-mère qui explique la suite de l'affaire. Ces quelques défauts mis à part, je dois dire que j'ai apprécié les discours et les questionnements sur l'amour, la passion, la peur d'aimer et de souffrir. C'était assez intéressant et, rien que pour cela, le roman pourrait être conseillé. 

Le cercle des femmes, Sophie Brocas, Edition Julliard, 196p, 18.50€

mardi 15 décembre 2015

La question kurde à l'heure de Daech - Gérard Chaliand

Mon compagnon me l'avait dit: je n'apprendrai rien dans cet essai. Et il avait bien raison puisque ce livre ne m'a rien apporté. Gérard Chaliand ne fait qu'y résumer l'histoire du Kurdistan; ce qui n'a d'intérêt qu'à l'égard de celles et ceux qui ne la connaissent pas. Moi, la sachant déjà, je me suis amusée à noter les incohérences de l'auteur; ses "petites" contradictions qui m'ont quelque peu agacée. Et elles concernent le PKK pour qui, vraisemblablement, Gérard Chaliand n'a pas trop de sympathie. L'auteur juge l'organisation kurde violente, prompt à la coercition sinon l'assassinat (p.84). Il la définit comme sectaire et autoritaire, la considère comme potentiellement tyrannique, l'expérience montrant que les mouvements "qui produisent une radicalisation idéologique extrême impliquant le sacrifice de machines de guerres humaines d'une très redoutable efficacité tendent, lorsqu'ils ont la chance d'accéder au pouvoir à se comporter comme des tyrannies" (p.86). Je n'aurais pas contesté le propos si Gérard Chaliand ne se contredisait pas dans son essai. Allons-y:
  • il fustige le PKK, lui colle une étiquette négative mais ne dit mot s'agissant de l'UPK et du PDK qui ne sont pourtant pas mieux. Si le PKK doit être considéré comme un parti sectaire, autoritaire parce qu'il élimine ses opposants, que doit-on dire de l'UPK et du PDK? Gérard Chaliand écrit la lutte qui les oppose, la guerre qu'ils se sont menés mais ne pense pas leur définition. Il ne les qualifie pas, ne les dénonce pas. Pourtant, l'élimination des opposants et des rivaux parmi les Kurdes est une pratique antérieure au PKK, le PDK le pratiquant dès le début de sa création. La cohérence et l'honnêteté intellectuelle voudrait qu'ils soient tous logés à la même enseigne, tous considérés comme des partis autoritaires prompts à la "coercition sinon l'assassinat". Dans le cas contraire, il y a un deux poids deux mesures qui ne peut qu'interroger.
  • l'esprit de sacrifice imposé par le PKK participe à la définition négative de l'organisation kurde (p.84). Pourtant - je note l'incohérence - Gérard Chaliand écrit, p.129, que "Ce qui compte, dans une armée, est moins son armement que sa volonté de combattre", l'auteur se désolant de l'attitude des Peshmergas (nom attribué aux combattants kurdes du PDK et de l'UPK, il désigne littéralement ceux "qui vont au devant de la mort") qui ont fuit devant Daech. Le PKK ne disposant pas d'armement de qualité, il souffle à ses combattant(e)s une énergie, une volonté qui va, en effet, jusqu'au sacrifice; ce dont était aussi armé les Peshmergas par le passé et que voudrait aujourd'hui retrouver Gérard Chaliand. Si le sens du sacrifice fait de l'organisation qui la nourrit un mouvement autoritaire, sectaire, à potentiel tyrannique etc... pourquoi la souhaiter et l'appeler de ses voeux? Pourquoi applaudir et citer en exemple les forces armées kurdes (le YPG, bras droit du PKK en Syrie) qui ont combattu Daech à Kobané? Ils n'avaient, pour arme efficace contre Daech, que le sens du sacrifice imposé par le PKK. 
  • il s'inquiète du potentiel tyrannique du PKK qui pourrait, une fois au pouvoir, exercer son autorité sans considération aucune pour la démocratie. L'inquiétude, signe de prudence, est tout à fait légitime mais elle perd en efficacité lorsqu'elle est contredite par les faits qu'il énonce. A propos du Rojava (Kurdistan dit syrien), Gérard Chaliand écrit: "De toute évidence, il s'agit bien d'un mouvement kurde qui cherche à se constituer des ouvertures avec certaines composantes non kurdes des cantons, qu'il s'agisse des chrétiens, notamment syriaques, ou d'autres minorités religieuses et/ou ethniques: l'un des vice-présidents du canton de Qamishli est un Shammar, l'une des plus puissantes tribus arabes du Proche-Orient. Dans la pratique, en l'espace de deux années a été instituée l'armature étatique d'une entité qui fonctionne de façon disciplinée. Il y a dans le canton de Qamishli, une Chambre des députés, un Parlement, des ministères, etc. Il s'agit de gens indéniablement compétents et motivés. (...) Un gros travail est mené pour que la participation des jeunes femmes, et des moins jeunes, soit aussi effective que possible." (p. 144-145). Autrement dit, il vante la gestion du Rojava par le PYD, extension du PKK en Syrie. C'est le programme du PKK qui y est appliqué. Où est donc la tyrannie? 
Ces incohérences m'ont agacées parce qu'elles sont toujours les mêmes; parce qu'il s'agit toujours, pour certains, de poser l'étiquette "autoritaire, sectaire, à potentiel tyrannique" quand il s'agit du PKK et de les oublier quand il est question d'autres partis kurdes tels que le PDK et l'UPK qui utilisent pourtant les mêmes méthodes; parce que les mêmes n'ont pas de mal à considérer le PKK comme une organisation à potentielle anti-démocratique tout en vantant les mérites du PYD, au Kurdistan de Syrie, et du HDP (parti politique légal) au Kurdistan de Turquie; tous deux étant fortement liés au PKK et qui ne sont pas, à ma connaissance, connus pour être tyranniques. Enfin et pour finir, ils craignent l'exercice du pouvoir par une organisation politico-militaire mais applaudissent le PDK et l'UPK qui ne peuvent être définis autrement. Il faudra qu'on m'explique pourquoi ils craignent davantage le PKK. 

Au delà de ces quelques incohérences, je dois dire un mot sur la conclusion de l'auteur qui me semble quelque peu superficiel et inefficace. Gérard Chaliand rejette l'idée d'une modification des frontières au Moyen-Orient parce qu'il a une préférence pour le vivre-ensemble (p. 151). C'est un idéal que beaucoup aimerait voir arriver (dont le PKK qui fait pourtant l'objet de la raillerie de l'auteur) mais toute la question est de savoir comment organiser ce "vivre-ensemble" dans une région aussi ethnicisée, confessionnalisée où les uns ne veulent pas des autres. Si Gérard Chaliand a des solutions, il aurait dû les expliquer. Son essai aurait été moins bâclé.

La question kurde à l'heure de Daech, Gérard Chaliand, Seuil, 160p, 18€

lundi 14 décembre 2015

Le Petit Prince - Antoine de Saint-Exupéry

Je ne me souviens pas avoir lu Le Petit Prince quand j'étais petite. Je ne savais donc pas grand chose de l'histoire: un Petit Prince venu d'une autre planète fait la rencontre d'un aviateur en plein désert et lui demande un mouton en dessin. Et après? Il faut lire pour le découvrir et c'est ce que j'ai fait. Résultat: ce n'est pas d'un grand intérêt. J'arrive certainement trop tard. Ce classique, il fallait le lire à l'âge de l'enfance, au delà, il ne fait pas effet. Il n'en a pas eu auprès de moi en tout cas. Je me suis ennuyée, n'ai pas trouvé ça d'un grand intérêt mais, en même temps, je le sais, il ne m'est pas véritablement destiné. Son contenu est intéressant, ses messages sont beaux mais ils ne me suffisent pas. A l'âge que j'ai, ce n'est pas Le Petit Prince qui me fera découvrir le sens de la vie, l'importance de l'amour, du coeur, des sentiments et la laideur des Hommes qui pensent et agissent autrement. En le lisant, d'ailleurs, je me suis demandée ce qu'un enfant pouvait comprendre de cette histoire; ce qu'il en retenait; quel message il recevait et si ça fonctionnait.  Je pense que je répondrais à ma curiosité en le lisant, un jour, à mes enfants; lorsque j'en aurais. Avec plaisir je leur ferai découvrir ce classique que je n'ai pas rencontré dans le passé. 

Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupéry, Folio Junior, 120p, 6.60€

dimanche 13 décembre 2015

Annabel - Kathleen Winter

Déçue, voilà le mot. Je m'attendais à quelque chose de passionnant, d'intéressant, d'intellectuellement nourrissant mais il n'y avait, pour moi, rien qui puisse atteindre le niveau espéré. C'était plat, sans rythme, sans véritable profondeur. Pourtant, le sujet se prêtait à une recherche approfondie, à un questionnement sans borne, à une curiosité sans faille, illimitée. Qu'est-ce que l'hermaphrodisme? Une anomalie? Un handicap? Une maladie? Ou une identité qu'il faut considérer comme aussi naturelle que celui du masculin et du féminin? A quelles difficultés les hermaphrodites sont-ils (elles?) confrontées? Comment se construisent leur identité dans nos sociétés où il n'y a pas de place pour l’ambiguïté, où le masculin s'oppose au féminin sans qu'il soit possible de les concilier? Peut-on vivre en hermaphrodite ou doit-on obligatoirement se choisir un genre, un sexe? Le roman aborde quelques-unes de ces questions mais ne les exploite jamais jusqu'au bout. Il reste en surface, surfe sur la vague, refuse de plonger dans les profondeurs comme si l'hermaphrodisme n'était pas le principal sujet, comme s'il n'était qu'un détail évoqué, comme si l'essentiel était ailleurs. Bien mais où? Aucune idée. J'ai eu l'impression, moi, de lire un roman sur la région du Labrador, sur le rythme et la vie qu'elle imposait; sur l'ennui ou le sentiment de liberté qu'elle suscitait; d'où les descriptions et les longueurs inutiles et infinies sur la nature, la forêt, l'environnement et le paysage. Je dis "inutile" parce que là n'est pas, normalement, le sujet du roman; parce qu'il n'y a pas besoin, à mon sens, d'écrire avec tant de détails le décor. Qu'apporte-t-il au sujet, à son analyse et son exploitation? Pas grand chose, à mon humble avis, puisqu'il nous écarte de l'essentiel; puisqu'il ne lui laisse que peu de place. Voyez: 454 pages et on ne sait pas vraiment comment Wayne vit avec son hermaphrodisme, ce qu'il en fait, ce qu'il a décidé, comment il construit son identité. Je veux bien lire l'histoire de cette famille qui ne sait pas comment agir, comment faire devant l'inconnu, face à cet hermaphrodisme plein de mystère. Mais j'aurais aimé plus que cela. J'aurais espéré un questionnement plus foisonnant, plus enrichissant ... je me serais sans doute beaucoup moins ennuyée. 

Annabel, Kathleen Winter, Edition 10/18, 480p, 8.80€

vendredi 11 décembre 2015

Féminisme et antimilitarisme - Andrée Michel

Afficher l'image d'origineC'est un cri qui s'élance de ce livre; un appel à la paix et la solidarité. L'auteure, sociologue engagée, demande à ce que la collectivité, d'hommes et de femmes, refuse les discours sécuritaires, va-t-en guerre; ces discours d'hommes très bien placés qui nous font croire qu'il faut s'armer, toujours plus, pour vivre en sécurité. Pour l'auteure, le lien n'est pas prouvé, bien au contraire. Plus on s'arme, plus on perd. Et ceux qui perdent sont toujours les mêmes: les plus pauvres, les plus démunis, les plus fragilisés. Et parmi eux, les femmes arrivent en premier. Ce sont elles qui souffrent de ce complexe militaro-industrielle (CMI); cette machine qui ne supporte pas la paix parce qu'elle ne lui apporte pas les profits espérés. L'auteure est antimilitariste car elle est persuadée, à juste titre, que les femmes ne sont pas protégées par ce qui est supposé assurer leur sécurité. En temps de paix, la militarisation de la société les conduit vers l'insécurité économique et sociale parce que la création d'emplois, dans le secteur, ne les concerne que très peu; parce que le discours toujours axé sur la virilisation les reconduit dans le domaine privé; à une image de femme bonne pour le foyer, toujours objet sexualisé. En temps de guerre, ce sont les crimes, les viols et les prostitutions organisées qui s'imposent. En bref et pour résumer, la militarisation de la société ne peut bénéficier aux femmes puisque leur sécurité ne peut être assurée en dehors d'une société pacifiée. Le féminisme ne peut donc se penser qu'en étroite relation avec l'antimilitarisme. Qui contesterait le propos? Pas moi. Ce que je pourrais reprocher, en revanche, c'est le ton employé. Il est plus engagé qu'étudié et je m'interroge sur son efficacité auprès des lecteurs/lectrices moins familiers avec les thèmes évoqués. Seront-ils/elles convaincu(e)s par les propos d'Andrée Michel? Je n'en suis pas si certaine. En lieu et place de ces articles de conférences, une démonstration sociologique aurait peut-être été plus efficace; elle aurait permis à l'auteure d'apporter la preuve "scientifique" des méfaits de l'antimilitarisme sur la condition des femmes dans le monde. Andrée Michel donne des chiffres et des exemples pour étayer ses propos, d'accord, mais sont-ils suffisants pour convaincre les non-initiés; ceux qui n'entendent pas l'abstrait, qui ne voient pas forcément de relation étroite entre la politique des CMI et la condition malheureuse des femmes? L'auteure, sociologue, parle ici de "système", de "concept"; elle pense "global" donc "complexe". Et comment évoquer la complexité avec facilité? Le risque, à trop vouloir la simplifier, est de l'oublier; de tisser des relations mécaniques sans rien expliquer; de faire dans l'évidence. Or, y-a-t-il de l'évidence pour celles et ceux qui n'ont jamais pensé le sujet surtout quand il s'agit de parler du féminisme, si facilement décrié? En lisant les articles ici publiés, j'ai eu l'impression d'un manque d'efficacité, la dénonciation ne suffisant pas à persuader. Il faut, pour convaincre, des études minutieuses et détaillées; ce qu'on ne trouve pas dans cet ouvrage qui est plutôt le résultat, je crois, d'un appel à l'engagement militant. Dommage, par ailleurs, que les articles fassent dans la répétition. Maintenant je me pose la question: qu'en est-il aujourd'hui? Les CMI se sont-ils adaptés à nos sociétés hyper-connectées? Sont-ils soumis à la pression (des ONG, de la société civile...etc) ou parviennent-ils à assurer leur existence sans aucune difficulté?

Livre envoyé par les éditions Ixe.

Féminisme et antimilitarisme, Andrée Michel, Racine de Ixe, 190p, 18€

dimanche 6 décembre 2015

Au bonheur des ogres - Daniel Pennac

Afficher l'image d'origineJe ne sais pourquoi - à cause du titre et de la première de couverture, peut-être? -  je pensais à un livre doux, léger, presque enfantin. J'imaginais un conte, une histoire avec des enfants et des ogres. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant le roman. C'est tout sauf léger; c'est tout sauf doux et enfantin. C'est, au contraire, lourd, dramatique, tragique. C'est glauque, c'est presque à vomir. C'est, pour le coup, un roman bien sombre, bien noire et je me suis fait bien avoir. Ais-je aimé? Eh bien, pour dire la vérité, pas vraiment. Je n'ai pas trop apprécié ma lecture. Les aventures de Benjamin Malaussène, "contrôleur technique" dans un grand magasin et aîné plus que responsable de sa famille, ne m'ont pas véritablement intéressée. Je n'étais pas pressée de connaitre l'identité du coupable; je n'avais pas vraiment envie de savoir qui posait les bombes dans le magasin. Je lisais sans grand intérêt. Il n'y avait pas de suspense, rien qui puisse me passionner, me faire plonger corps et âme dans l'histoire. L'écriture, quant à elle, ne m'a pas séduite. J'ai trouvé le style un peu brouillon, un peu décousu; pas vraiment efficace. Malheureusement, c'est, pour moi, à oublier.

Au bonheur des ogres, Daniel Pennac, Folio, 287p, 7.50€

samedi 5 décembre 2015

L'analphabète qui savait compter - Jonas Jonasson

Je n'avais pas apprécié le premier roman de l'auteur, Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, pour son ton, sa construction et l’enchaînement rapide de situations qui se voulaient loufoques, invraisemblables et déjantées. L'auteur en avait trop fait, trop dit au point qu'il n'y avait plus d'effet de surprise ni d'étonnement. La lecture de son premier roman m'avait donc ennuyée. Ne voulant pas condamner l'auteur avec un seul livre, j'ai décidé, pour lui accorder sa chance, de lire son second roman. Mal m'en a pris, j'ai détesté. Il ressemble tant au premier roman que je lui ferai les mêmes reproches: pas de style, pas de talent, pas de surprise, que de l'ennui. L'auteur ne sait apparemment pas faire autre chose que raconter l'invraisemblable. Il a besoin, pour "épater", de tirer les grosses ficelles sauf que ça ne peut fonctionner qu'à petite dose. Sinon, où est l'effet de surprise? Eh bien pour ma part, il n'y en a pas. C'est monotone, c'est lassant, c'est ennuyant. Jonas Jonasson ne m'étonne pas, il me fatigue. Son procédé est apparent, on sait qu'il fait dans le n'importe quoi. On ne s'étonne donc plus de rien et résultat, son livre tombe à plat. L'auteur répétant ici son premier livre, il m'oblige à me répéter moi aussi. Je me permets donc de coller ici la critique que j'ai faite pour son premier ouvrage et qui sied parfaitement au second roman. 
L'auteur, Jonas Jonasson, parie sur une construction abracadabrantesque pour épater le lecteur comme si cela suffisait. "Plus c'est gros, mieux ça passe" a-t-il certainement pensé [...] "Malheureusement" (pour qui?), chez moi ça ne passe pas. Mais alors pas du tout. Je n'ai vraiment pas apprécié la lecture de ce roman qui s'est révélé être d'une grande pauvreté. Au bout de quelques pages, on comprend la logique servie par l'auteur: plus rien n'étonne, rien ne surprend. Ce qui est le comble pour un roman de ce genre qui ne tient que sur une ficelle: une construction farfelue qui veut, par l'enchaînement d'événements plus qu'improbables, créer un effet de surprises et d'étonnements.
Le roman ne peut être conseillé qu'à celles et ceux qui ont apprécié le premier roman et qui veulent le retrouver.

L'analphabète qui savait compter, Jonas Jonasson, Presse de la cité, 477p, 22€

mercredi 2 décembre 2015

Women's Lands, construction d'une utopie - Françoise Flamant

Dans ce livre d'un très grand intérêt, pour moi en tout cas, Françoise Flamant nous raconte ce que j'ignorais jusque-là: à partir des années 1970, aux Etats-Unis, des femmes ont décidé de se retirer de la société pour se construire et/ou se reconstruire. Elles se sont installées à l'écart du monde, dans des territoires isolés et protégés. Lesbiennes pour l'essentiel, ces femmes voulaient vivre en toute liberté, comme elles le voulaient, comme elles l'entendaient loin des contraintes et des obligations qu'elles repéraient au sein de la société jugée patriarcale. Pour ce faire, elles avaient besoin d'une sécurité. Il leur fallait donc s'isoler. Ainsi, elles ont crée leur petit bout de paradis où la vie se liait en harmonie avec la Terre et la Nature considérée comme la Déesse mère. Au cours de leur expérience, elles ont appris et beaucoup. Elles ont appris à se délivrer des chaînes qui les freiner dans leur accès à la liberté, elles ont appris qu'elles étaient capables de se débrouiller, de faire et de construire sans les hommes. Elles ont tout repensé, jusqu'au mot près. Elles ont tout revu, tout interrogé pour mieux penser ce monde qu'elle voulait faire émerger; un monde nouveau avec ses propres mots, sa propre culture, son propre système. L'utopie les animait et leur donner ce pouvoir d'imaginer, de repenser pour créer, recréer. L'utopie leur donnait une âme, un esprit, une vivacité. Elle leur donnait une puissance qui n'est plus, j'ai l'impression, aujourd'hui. En les découvrant grâce à cet ouvrage, je me suis dit, quel dommage! Qu'avons-nous aujourd'hui pour nous attacher si puissamment à la vie? Un espoir? Une envie? Qu'avons-nous pour reprendre nos vies en main? Rien, pratiquement rien. On n'a pas le droit de rêver, d'imaginer, de penser autre chose aujourd'hui. L'utopie n'est pas de droit car elle est mal-vue, mal considérée. Qui veut penser autrement est considéré comme un doux rêveur incapable de faire face à la réalité comme si l'être animé par une utopie n'avait pas conscience de ce qu'elle est. Pourtant, c'est bien parce qu'il la connait cette réalité qu'il espère la changer, qu'il veut des moyens pour la modifier. L'utopiste est celui qui ne dort pas, qui ne se couche pas. Il est plus courageux que nul autre puisqu'il a conscience de ce qu'il est et de ce qu'il est en droit de demander, d'exiger. Il n'attend pas, il veut. Et parce qu'il veut, il agit à l'exemple de ces femmes qui ont décidé de prendre leur destin en main. Ce n'était pas facile, François Flamant l'écrit. Il y avait des difficultés, des complications, des ennuis mais elles ont fait; malgré tout et en dépit de tout. Elles n'ont pas eu peur, elles ont affronté; elles ont vécu comme elles l'entendaient. Et rien que pour cela, je les ai admiré. Peu importe mes quelques désaccords avec elles, j'ai trouvé ces femmes incroyables. Elles sont d'une beauté, d'un courage, d'une énergie, d'une dignité et d'une liberté à envier. Elles sont tout simplement des modèles pour toutes celles et ceux qui n'ont pas leur puissance de feu. Vous l'aurez sans doute compris, ce livre je l'ai aimé. Il est beau, il est esthétique, il est bien fait. Et il est nécessaire car il donne à voir et à apprendre. Il m'a donné le sourire aux lèvres, il a nourrit mon esprit. Il m'a interrogée sur le monde et son possible changement. La question se pose: comment faire pour changer un système qui  ne satisfait pas? De l'intérieur ou de l'extérieur? En le changeant à petit pas ou en le détruisant? Dans le consensus ou la radicalité? Les anciens n'ont pas su répondre à la question, parviendra-t-on, quant à nous, à la poser?

Livre envoyé par les éditions Ixe. 

Women's Lands, construction d'une utopie, Françoise Flamant, Edition Ixe, 255p, 19€