mardi 28 juillet 2015

Montana 1948 - Larry Watson

Il se lit rapidement, facilement. Il est agréable, convenable. Il raconte l'histoire d'une famille tiraillée entre deux sentiments difficiles, ici, à concilier: la justice et la loyauté. Comment, en effet, dénoncer un membre de la famille qui a commis un crime? Que faut-il préférer? La condamnation pour le bien de la Justice ou l'impunité pour le bien de la fraternité? Wesley Hayden, père du narrateur et Shérif de Mercer County dans le Montana, est confronté à ce dilemme lorsque son grand frère Franck, médecin, est accusé d'agressions sexuelles par son aide ménagère d'origine Sioux. Forcément, la famille est chamboulée. Forcément, elle sera marquée. David Haydens, âgé de 12 ans à l'époque des faits (1948), adulte désormais, nous la raconte. Et ce, avec froideur. Il n'y a, en effet, aucune émotion dans ce récit. Je n'en ai, en tout cas, pas ressenti. Je me suis intéressée à l'histoire, j'ai voulu la lire, la savoir mais je n'ai pas été saisie, je n'ai pas été transportée, le roman ne m'a pas arrachée à la distance, il n'a pas lutté contre le détachement. Sans doute parce que l'adulte qui écrit nous raconte ce qu'il n'était pas censé savoir? Sans doute parce qu'il n'a été que le témoin d'une affaire qui n'était pas la sienne? Allez savoir. Tout ce que je sais c'est que j'ai aimé lire ce roman qui n'est pas devenu, pour moi, un coup de cœur difficile à oublier. 

Montana 1948, Larry Watson, Edition France Loisirs, 238p, 13.95€


dimanche 26 juillet 2015

Le vieil homme et la mer - Ernest Hemingway

C'est un classique: l'histoire d'un vieux pêcheur qui ne pêche plus grand chose et qui, un jour, "tombe" sur un gros poisson pris dans les filets après trois jours et deux nuits de combat. Satisfait de sa victoire, l'homme retourne sur terre avec pour seul trésor les os dudit poisson, les requins l'ayant mangé tout au long du "chemin". Je dois avouer que l'histoire n'a, en elle-même, que peu d'intérêt, à mes yeux en tout cas. Je n'ai effectivement pris aucun plaisir à accompagner le pêcheur, je me suis même beaucoup ennuyée en sa compagnie. J'allais mal le noter quand, le roman terminé, je me suis mise à le penser pour, un peu, le sauver, l'auteur, bien connu, ayant réussi à imprimer avec efficacité la solitude et la détermination du vieux pêcheur. Seul face à la nature, à l'océan, au poisson et à lui-même; il est profondément seul mais va jusqu'au bout de son projet. Et on s'interroge: à quoi ça lui a servi? Sa détermination lui a permis la victoire face au grand poisson mais après? Ne l'a-t-il pas perdu? Le temps passé à gagner un poisson ne l'a-t-il pas privé de plusieurs autres? Son obstination ne l'a-t-il pas fait perdre, au fond? Je réfléchis à l'histoire et je me demande ce qu'a bien voulu nous dire Ernest Hemingway. Que veut-il exprimer? Quel est le message délivré? Y'en a-t-il au moins? L'histoire étant beaucoup trop simple, devenu un classique pourtant, je m'interroge sur la raison d'être de son succès et devine forcément l'existence d'un message caché. Bien mais lequel? Doit-on comprendre que l'obstination ne mène à rien? que l'homme est bien peu face à la puissance de la nature? que sa volonté et sa détermination ne peuvent suffire à l'emporter? Doit-on y voir une dénonciation du système politique, économique et sociale, les requins représentant celles et ceux qui font fortune sur le dos de la masse qui se tue au travail? Que doit-on lire dans ce récit? Pourquoi est-il devenu un classique célébré? Et si c'était pour les sens multiples qu'on peut lui attribuer? 

Le vieil homme et la mer, Ernest Hemingway, Folio, 149p, 5€



Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates - Mary Ann Shaffer & Annie Barrows


Comment expliquer le succès de ce roman? Qu'ont-ils tant aimé les lecteurs qui l'ont félicité? Pourquoi les éloges qui lui sont fait? Il se lit, il est agréable, d'accord, mais après? Je n'ai pas été emballée par cette lecture, je n'ai pas été emportée. Je n'ai eu ni plaisir, ni émotion. J'ai lu sans plus d'intérêt. Je l'ai lu pour ce qu'il me semblait être: un roman sans prétention, loin de l'excellence qui pourrait justifier mon enthousiasme. 

Mais que raconte donc ce roman au grand succès et au titre long? Eh bien, il publie la correspondance qui a lieu après guerre entre Juliet - une auteure qui vit à Londres - et les membres d'un cercle littéraire au nom peu commun né sur l'île de Guernesey. Le roman épistolaire nous raconte le coup de foudre de la citadine pour l'histoire qu'on lui raconte, pour les membres du cercle, pour l'île ... pour cet homme qu'elle apprend à découvrir. Rien de bien passionnant ma part. Je le conseillerais toutefois pour celles et ceux qui veulent une lecture facile et sans chichi. 

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, Mary Ann Shaffer & Annie Barrows, Edition France Loisirs, 400p, 9.99€


lundi 20 juillet 2015

Le cas Eduard Einstein - Laurent Seksik

Que sait-on d'Albert Einstein? De sa relation avec sa femme et ses enfants? Que sait-on de son fils, Eduard, atteint de schizophrénie? Pas grand chose, pour ma part. Rien du tout, en vérité. J'ai voulu savoir alors j'ai lu et je n'ai pas forcément été déçue. Dans ce roman fluide et rapide à lire, Laurant Seksik nous raconte ce fameux fils "caché"; ce fils à l'esprit malade, torturé; ce fils à la vie compliquée. Il nous écrit, non sans émotion, ses problèmes psychologiques, ses comportements problématiques, ses difficultés relationnelles avec son père; un père qui ne supporte pas la maladie de son fils, qui ne sait pas comment traiter sa schizophrénie et qui fuit ce qui est incompris. Albert Einstein abandonne, en effet, son fils à la souffrance. Préoccupé par le sort du monde mais incapable d'ouvrir les bras à son enfant, le génie rappelle une phrase de Dostoïevski: "Plus j'aime l'humanité en général, moins j'aime les gens en particulier." Est-il dans le faux? Les plus grands humanistes - ou qui se prétendent comme tels - sont souvent ceux qui ont tout foiré en privé. Le temps passé à "sauver" le monde est du temps en moins pour les "proches". Combien de militants kurdes j'ai vu sacrifier leurs familles à leur lutte, combien de célèbres personnages se sont révélés être de piètres époux et de mauvais parents? Peut-on véritablement se "donner" corps et âme au monde sans laisser derrière soi des êtres privés d'amour? Voilà ce que je me suis demandée en lisant ce roman. Albert Einstein a réussi sa vie publique mais a, vraisemblablement, raté sa vie privée. Ses fils ne l'apprécient pas, son ex-femme lui tient rancune, sa famille a eu une vie de courte durée, elle s'est très rapidement disloquée, laissant chacun à la solitude et l'abandon. Il n'y a rien que l'on puisse désirer. Alors ce roman n'est pas l'écrit du siècle, certes, mais il est agréable et émouvant. Il attise une curiosité et un intérêt pour la vie et le parcours d'Albert Einstein. J'ai envie, en effet, d'en savoir davantage sur le sulfureux personnage. A moi de courir vers de nouveaux horizons ...

Le cas Eduard Einstein, Laurent Seksik, Edition France Loisirs, 304p, 16.50€



samedi 18 juillet 2015

Les enfants du jacaranda - Sahar Delijani

Quand l'historien ouvre les portes de l'Histoire, le romancier explore, lui, le cœur de l'humanité. Au recul, il préfère la proximité; à l'objectivité, il oppose la subjectivité. Loin des froides théories, il affirme la chaleur de la vie. Il rappelle l'humain, ses bonheurs et ses tragédies. Et c'est la tragédie que nous raconte, ici, Sahar Delijani. Elle nous écrit, en effet, ses enfants qui ont grandi sans leur père et/ou leur mère; des enfants qui ont échoué dans les bras de parents proches le temps que leurs géniteurs sortent de prison et reviennent, par chance, à la maison; par chance, oui, parce que nombreux sont celles et ceux qui ne reviennent pas, le régime des Mollahs sachant éliminer avec efficacité ses dissidents. Il les frappe, en effet, de son arme la plus dure, la plus féroce, la plus sauvage: c'est la Mort; la Mort qui rôde, qui traverse les pages, qui verse la peur et la tristesse. J'ai frissonné en lisant ce roman. Je me suis mise à la place des personnages et l'empathie a fait son effet, j'ai ressenti la douleur. J'avais envie de pleurer, de prendre dans mes bras celui que j'aime éperdument. Et s'il venait à disparaître, à mourir? S'il venait à être éliminé parce que considéré comme un déchet de l'humanité? Je me suis imaginée et j'ai eu mal. Elle est malheureuse l'Histoire de l'Iran. Elle est douloureuse comme l'Histoire de tous ses peuples qui vivent dans la région. Et on se demande forcément quand elle va se terminer, quand les responsables comprendront que les seuls déchets qu'il y a sur cette Terre sont ceux qui nourrissent leur cœur qui lâche une puanteur. Il faut lire ce roman. Il faut le lire parce qu'il est émouvant et attendrissant, parce qu'il donne à ressentir - même si on n'a pas besoin de lui pour ça - des émotions qui nous font nous rappeler l'amour que l'on a pour celles et ceux qui font nos vies si tendres.  

Les enfants du jacaranda, Sahar Delijani, Le Livre de Poche, 358p, 7.10€


vendredi 17 juillet 2015

La prophétie d'Abouna - Fawaz Hussein

Quand l'ennui s'invite, aucune chance pour le roman. Et là, il était présent. Il se promenait sur les mots et les pages comme accroché à la plume et au stylo. Je n'ai pas aimé ce roman. Je ne lui ai trouvé aucun charme, aucune élégance. Il est plat, sans rythme, cru. Il est sans grand intérêt. Fawaz Hussein raconte, sans énergie, la petite histoire de Mohamed, kurde de Syrie qui arrive en 1978 à Paris. L'homme, âgé de 25 ans, veut intégrer la Sorbonne et devenir le Balzac de son temps mais, loin de la littérature, il se découvre un talent pour mater et reluquer les culs des passantes. Oui, c'est le sexe et uniquement le sexe qui l'attire. Il parle donc de seins, de nichons, de fesses, de cul, de succions, de femmes qu'il séduit et met directement dans son lit. Aucune lui résiste, en effet. Sitôt vue, sitôt embrassée et baisée, Mohamed étant apparemment un kurde très beau et bien fourni. Son expérience de la France s'arrête donc aux frontières de Paris, ville qu'il chérie inlassablement, et aux femmes qui lui offrent des plaisirs qui ne sauraient lui être offerts, chez lui au Kurdistan. Quelle tristesse, quelle pauvreté. Il n'y a rien dans ce roman pour éveiller la curiosité, pour intéresser. Alors on pourrait dire, pour défendre l'auteur, pour se faire l'avocat du diable, qu'il veut, peut-être, nous parler de ces jeunes kurdes immigrés qui n'ont d'autres intérêts que le cul et ses plaisirs; qu'il veut peut-être nous les décrire comme des pauvres hommes affamés de sexe et de liberté qui, une fois le pays quitté, cherchent leur bonheur dans les bras et entre les jambes des femmes "étrangères". On pourrait encore continuer à défendre le travail de l'écrivain en se disant qu'il veut peut-être dénoncer les représentations de la femme chez "le" Kurde immigré: elle est un cul, un sein, un sexe et, quand elle s'affirme, une féministe autoritaire mangeuse de couilles. Mais après? Est-ce bien la véritable intention de l'auteur? Quand bien même, elle le serait, elle n'est pas forcément juste et elle ne suffit pas à faire le génie de ce roman qui, à mon sens, manque cruellement d'intérêt. A oublier.

La prophétie d'Abouna, Fawaz Hussein, Edition Ginkgo, 246p, 15€

jeudi 16 juillet 2015

L'ombre du vent - Carlos Ruiz Zafon

A l'âge de 10 ans, Daniel Sempere entre en possession d'un livre oublié de tous. Il l'adore et, pris de curiosité, se lance dans une autre histoire, celle de l'auteur Julian Carax. Qui est-il? Pourquoi ses livres disparaissent-ils de la circulation? Et nous voilà, avec lui, emporté dans une quête époustouflante, enthousiasmante et absolument épatante. Les qualificatifs me manquent pour dire combien j'ai aimé ce roman, combien je l'ai adoré. Il est d'une grande intelligence. Il est bien construit, bien ficelé, bien pensé. Il est parfait (ou presque si on estime que la perfection n'existe pas). Sans rien dire du contenu - que le lecteur prenne plaisir à le découvrir - je dirais simplement de ce roman qu'il parle de la violence; celle de la passion, de l'amour, de la vie et de la guerre. Nous entrons, en effet, dans une ville (Barcelone) touchée par une guerre civile, meurtrie par l'horreur des crimes commis et la misère; nous entrons dans un décor sombre où évolue des personnages à la tragique histoire. Il faut la découvrir parce qu'elle porte avec elle ce qui fait aussi la beauté de l'humanité, la solidarité et l'amitié. Ce roman est à lire car il n'est que doux et puissants plaisirs.

L'ombre du vent, Carlos Ruiz Zafon, Pocket, 668p, 8.10€


mardi 14 juillet 2015

Laïcités autoritaires en terres d'Islam - Pierre Jean Luizard

En territoire à majorité musulmane, la laïcité est-elle possible? Peut-on emprunter le concept hérité de l'expérience des sociétés dites "occidentales" pour l'opposer à l'Islam? L'Histoire, ici évoquée, nous révèle les difficultés. Difficile il est, en terres d'Islam, d'affirmer la séparation entre la sphère politique et religieuse, de penser l'Etat et la Nation loin de la religion. Et ce, pour plusieurs raisons. Partant des expériences turques, iraniennes, irakiennes, égyptiennes, algériennes et tunisiennes, l'auteur, chercheur au C.N.R.S, nous les révèle dans cet essai. Rapidement, il nous raconte les conditions d'apparition de ce concept dans les territoires mentionnés, son application - pour ne pas dire son imposition - et ses conséquences. 

En terres d'Islam, la laïcité et/ou les politiques laïcisantes ont été affirmées avec autorité; une autorité employée par une main de fer par des dirigeants, souvent des militaires, qui ont pensé la laïcité comme la clef de modernité qui fait, selon eux, la puissance et la supériorité des pays "occidentaux". Dans leur course, ratée, à la modernisation, ces dirigeants ont voulu - non pas la disparition de l'Islam - mais sa domestication, sa soumission à l'Etat et la nation pensée en lien avec la religion musulmane ( les non-musulmans étant considérés comme étrangers). Ils ont donc employé l'étatisme, l'armée (la considérant comme l'institution la plus efficace pour assurer la modernisation), le culte de leur personnalité, leur politique répressive à l'égard de leurs opposants surtout "religieux" pour l'emporter... mais loin d'avoir gagné la bataille de la laïcité, ces régimes autoritaires ont surtout, selon l'auteur, aidé à la ré-islamisation de la société gagnée à la cause des partis "islamistes" qui, on le sait, emportent les élections lorsqu'elles leur sont autorisées. Le sujet est d'une grande actualité. Et pour mieux la comprendre, il faut considérer le passé ici raconté. L'essai est à conseiller. 

Laïcités autoritaires en terres d'Islam, Pierre-Jean Luizard, Fayard, 285p, 19€


jeudi 9 juillet 2015

Le Kurdistan irakien, de la tribu à la démocratie - Ali Dolamari


Vestiges du passé, difficiles à contourner, les tribus kurdes sont à l'origine des maux de la société. Incapables de se réformer, attachées à des traditions qui sont à contester, préoccupées par leurs seuls intérêts, les tribus kurdes, dans leur grande majorité, sont responsables du sort réservé à la collectivité. Les Kurdes ont perdu, en effet, parce que les détendeurs du pouvoir n'ont jamais su penser l'union, n'ont jamais su agir pour les intérêts du peuple concerné. A la solidarité, beaucoup ont préféré leur pouvoir et leur richesse. Elles n'ont donc pas hésité à lutter les unes contre les autres et à s'opposer au mouvement national kurde. Pour préserver et/ou accroître leur puissance et leur influence, elles ont préféré s'allier aux Etats pourtant à l'origine de la dure répression subie par les Kurdes. Elles se sont alliées à l'Empire ottoman pour gagner en pouvoir et réduire au silence les tribus concurrentes; elles se sont, plus tard, entendues avec les autorités turques pour lutter contre le P.K.K qui menaçait leur existence. En Irak, elles se sont rangées du côté des autorités, tantôt irakiennes, tantôt iraniennes, pour contrer l'influence du clan Barzani à l'origine de la création du P.D.K qui, comme l'U.P.K fonctionnent malheureusement à la manière des structures tribales. Malheureusement pour le peuple kurde qui vit au Sud du Kurdistan historique, autrement dit dans sa partie irakienne, les partis politiques kurdes ont eux aussi, en effet, sacrifié le peuple à leurs intérêts: l'U.P.K de Jalal Talabani s'est allié à l'Irak puis à l'Iran et la Syrie pour détruire son adversaire politique qu'est toujours le P.D.K de Barzani; le P.D.K a assassiné et/ou livré à l'Iran des Kurdes du P.D.K.I pour bénéficier d'une aide financière et matérielle; pour se défendre contre les attaques de l'U.P.K, il a fait appel à Saddam Hussein; il s'est engagé aux côtés de la Turquie pour chasser le P.K.K etc... Et puis plus récemment, le P.D.K a refusé d'apporter son aide au P.Y.D. Ces rivalités intra-kurdes, qu'elles soient le fait des tribus ou des partis politiques, ont, bien entendu, fait le jeu de la Turquie, de l'Iran, de l'Irak et de la Syrie qui n'ont jamais hésité pour leurs propres intérêts à instrumentaliser les tribus (parfois forcées de travailler pour les autorités) et les partis politiques kurdes. L'Iran réprime "ses" Kurdes mais aident ceux de l'Irak pour lui nuire, l'Irak gaze "ses" Kurdes mais n'a pas de mal à soutenir ceux d'Iran, la Syrie oublie "ses" Kurdes (en ne leur reconnaissant aucun statut juridique entre autre) et contribue au renforcement de l'influence politique de ceux d'Irak et de Turquie... On peut continuer ainsi pendant longtemps ou on peut surtout résumer en disant que c'est le bordel le plus complet. Les Kurdes instrumentalisent et se laissent instrumentaliser. Au gré des circonstances, les alliances se font et se défont avec pour unique perdant, le Kurde toujours; le Kurde qui a tout essayé sauf ce qu'il y a de plus sacré: l'union. Pardonnez, il a essayé mais c'était toujours de courte durée. 

Voilà ce que raconte entre autre l'essai. Dans sa première partie, avec plus de nuance et de précision, il écrit les contradictions et les difficultés internes à la société kurde. Il dit la complexité. Il le dit bien même s'il y a égarement. En effet, si l'introduction laisse à penser à un essai sur les relations entre les tribus kurdes, le mouvement national et la démocratie naissante au Kurdistan d'Irak, s'il laisse à penser à une étude sur l'évolution des tribus dans la Région fédérale du Kurdistan d'Irak et la difficile conciliation entre démocratie/tribalisme, modernité et tradition, c'est surtout l'histoire du Kurdistan irakien qui nous ait très rapidement raconté. L'histoire doit être étudiée parce qu'elle dit beaucoup sur ce qui est (aujourd'hui) mais j'ai tout de même été déçue. Déçue de lire une énième fois ce que je savais déjà. L'essai est à conseiller à celles et ceux qui ne savent pas. 

Le Kurdistan irakien, de la tribu à la démocratie, Ali Dolamari, Editions Glyphe, 288p, 21 €

mercredi 8 juillet 2015

Une vie entre deux océans - M.L. Stedman



Une belle histoire, un beau roman qui raconte l'infinie tristesse - celle d'une femme qui a perdu toute trace de vie de sa fille et son mari, celle d'un couple qui a accueilli et aimé un bébé qui n'était pas de lui. Ce roman écrit l'amour; l'amour des parents pour leur(s) enfant(s), l'amour qui lie le couple tel un ciment. Il décrit aussi la conscience, mauvaise quand la culpabilité vient écraser l'âme de l'être juste et bienveillant; le désespoir, la colère, la haine. Avec talent, l'auteure explore les nombreux sentiments qui se promènent dans la vie de tous et de chacun; des sentiments qui donnent le meilleur comme le pire; qui font la force ou la faiblesse; qui font la bonté ou la cruauté. Ce roman, bien amené, bien ficelé et d'un très grand intérêt, nous raconte avec efficacité. Il est d'une belle intelligence et d'une grande délicatesse. Il est à lire et à conseiller. Merci encore une fois à mon frère pour le cadeau qu'il m'a fait. 

Une vie entre deux océans, M.L. Stedman, Le Livre de Poche, 521p, 7.90€


dimanche 5 juillet 2015

Les averses d'automne - Tuna Kiremitçi


Mme Rosella Galante, une vieille dame habitant Genève embauche Pelin, une jeune étudiante originaire de Turquie, pour faire la conversation en langue turque. De ce rapport contractuel naît une amitié qui autorisera les deux femmes à s'ouvrir et se raconter. Et le roman nous invite à suivre leurs discussions, je dois l'avouer, pas vraiment intéressantes. Bah oui, je n'ai pas eu une lecture très enthousiasmante. Je n'ai pas trouvé d'intérêt aux deux personnages. Mme Galante, juive allemande, raconte son séjour à Istanbul pendant la seconde guerre mondiale quand Pelin lui parle de ses "histoires" de cœur et ses problèmes familiaux. J'ai lu sans émotion. Ni plaisir, ni intérêt. Le néant complet. Le roman n'est qu'un long dialogue au rythme lent profondément ennuyant. C'est plat. C'est mou. C'est ronflant. "L'un des jeunes auteurs les plus prometteurs de la littérature turque" dit la maison d'édition. Eh bien je passe encore une fois à côté. 

Les averses d'automne, Tuna Kiremitçi, Galaade Editions, 218p, 17€

Elle s'appelait Sarah - Tatiana de Rosnay

Un beau roman que celui de Tatiana de Rosnay. Une belle histoire, émouvante et très touchante. Elle raconte, cette histoire, la tragédie d'une petite fille juive qui subit la rafle du Vél d'Hiv et les conséquences d'une politique française farouchement antisémite. Sarah Starzynski, petite fille d'immigrés polonais, en ce 16 juillet 1942, voit, en effet, sa vie lui échapper, son droit à l'existence et à la dignité n'étant plus d'actualité. Elle découvre le pire, l'insoutenable, l'irrespirable; l'humiliation, l'horreur et la monstruosité. De ses yeux d'enfants, elle perçoit l'abject et la puanteur qui résident dans l'âme de ces hommes et femmes qui ont oublié l'amour et la solidarité. Leur haine va marquer cette petite fille qui ne résistera pas à la douleur infligée. Son histoire, malheureuse et profondément douloureuse, émeut. Forcément. La période évoquée est tragique, en effet. Rafles, collaboration, antisémitisme, camps de concentration ... l'horreur est dans l'Histoire. On ne peut lire sans de nouveau s'interroger et s'émouvoir.

Le récit est bien construit, la plume est simple, fluide et agréable. Ce roman se lit avec curiosité et intérêt. On y entre avec facilité. On y entre pour ne plus en sortir. On veut savoir, finir. On veut connaitre. On suit donc avec intérêt l'enquête de cette journaliste américaine qui veut, elle aussi, découvrir le fin mot de l'histoire. Où est Sarah? Qu'est-il advenu d'elle? Est-elle morte, assassinée par les nazis dans les camps d'Auschwitz? Les petits défauts d'écriture ne pourront suffire, je ne peux faire autrement que conseiller la lecture de ce roman tout à fait réussi. 

Merci à mon frère qui m'a fait cadeau de ce livre. 

Elle s'appelait Sarah, Tatiana de Rosnay, Le Livre de Poche, 416p, 7.10€