vendredi 23 octobre 2015

Son carnet rouge - Tatiana de Rosnay

Ici, des nouvelles qui parlent toutes du même sujet: l'infidélité, surtout celle des hommes mariés. Ici, des femmes qui découvrent leurs époux partager avec d'autres l'intimité, le privé qui leur étaient jusque-là réservés. Et c'est fun, c'est amusant. C'est facile, pas compliqué. C'est d'une grande simplicité. Il ne faut donc rien attendre de grand ni de profond avec Son carnet rouge. C'est écrit sans prétention, c'est court, assez rafraichissant. C'est uniquement du divertissement. C'est à lire dans ces moments particuliers: lorsqu'on ne veut pas réfléchir, pas penser, lorsqu'on veut se détendre et un peu s'amuser sur un thème, un sujet qui n'est pourtant pas facile à encaisser. Ce n'est pas ce que je note de mieux dans la littérature, ce n'est pas ce que je recherche et appelle du talent mais ça fait du bien quelque fois de lire un livre simple comme celui-là. 

Son carnet rouge, Tatiana de Rosnay, Le Livre de Poche, 188p, 6.90€

mardi 20 octobre 2015

Les hirondelles de Kaboul - Yasmina Khadra

Est-ce moi ou l'auteur? Qui est responsable de l'avis mitigé? Ma fatigue due à ce long trajet en bus (7H) ou le romancier qui n'a pas su m'émouvoir? Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c'est que j'ai lu ce roman sans passion, sans émotion. Il a filé comme l'eau sur ma peau. Pourtant, il a de quoi faire pleurer l'émotive que je suis devenue depuis quelques années puisqu'il raconte ces choses que l'on sait, pour les avoir maintes fois entendues, sur l'Afghanistan; la misère, la pauvreté, les Talibans, la barbarie, les lois rigides et abominables. Il raconte le désespoir, la perte d'énergie, l'absurdité de la vie quand la mort se répand. Il dit ce qui pourrait m'attrister mais qui pourtant ne m'a guère ici perturbée. Je l'ai dit, je ne sais pas vraiment pourquoi. Je ne suis tout simplement pas rentrée dans l'histoire, j'étais loin; à une distance suffisamment grande pour ne pas avoir été affectée. Reste que ça n'a pas empêché la lecture qui s'est faite rapidement et facilement. Le roman est donc à conseiller à celles et ceux qui veulent découvrir un ailleurs, plus sombre, par une lecture sans chichi mais sans génie.

Les hirondelles de Kaboul, Yasmina Khadra, Pocket, 148p, 5.80€

lundi 19 octobre 2015

Orages d'acier - Ernst Jünger

Autant le dire d'emblée, je n'ai pas aimé ma lecture. Elle fut ennuyante, inintéressante. J'ai eu, d'ailleurs, quelques difficultés à le terminer tellement il m'a agacée. Pourtant, l'auteur a eu raison d'écrire ce témoignage et les maisons d'édition ont bien fait de le publier car il raconte, ce roman, la première guerre mondiale. L'auteur, officier allemand, écrit, en effet, la vie dans les tranchées, dans les combats. Il explique les stratégies employées pour venir, en vain, à bout de l'adversaire. Ce livre peut donc intéresser. Il peut avoir un intérêt pour celles et ceux qui s'intéressent à la stratégie militaire, pour les historiens qui étudient la période évoquée... etc. Pour moi, question de goût, il en a manqué. La guerre racontée dans ses détails militaires ne me passionne pas. Je me fous de savoir de quel côté tombent les obus, qui tirent à quel moment les shrapnels, à quelle heure et quel jour l'attaque a eu lieu. Ce livre ne me parle pas parce que le temps a passé, parce que je ne suis pas ce soldat et/ou ce citoyen qui a connu la première guerre mondiale, parce qu'entre temps des images, des films ont pu nous montrer avec plus d'efficacité ce qu'étaient la vie dans les tranchées. Ce livre ne s'adresse pas à moi parce qu'il est froid, glacial; parce qu'il parle militaire quand j'aime, moi, évoquer l'humanité. Paroles de Poilus de Jean-Pierre Guéno a eu, pour moi, mille fois plus d'intérêt qu'Orages d'acier que je ne peux conseiller qu'à celles et ceux qui s'intéressent de près ou de loin aux détails militaires de la guerre. 

Orages d'acierErnst Jünger, Le Livre de Poche, 380p, 6.60€

mercredi 14 octobre 2015

L'enfant de Noé - Eric Emmanuel Schmitt

Je n'ai jamais lu Eric-Emmanuel Schmitt. Je sais qui il est, ce qu'il fait mais je n'ai jamais été feuilleter les pages tâchées de son encre. C'est avec ce roman que je découvre un peu de sa littérature qui fait le bonheur de certain(e)s. Résultat de cette première: je n'ai ni vomi, ni gémi. C'était sans plus, une lecture sans chichi, ni décevante, ni exaltante. La plume est agréable, l'histoire est intéressante. Elle raconte un petit garçon juif de sept ans, appelé Joseph, qui se cache, pendant la seconde guerre mondiale, auprès d'un prêtre pleine d'humanité, de bonté et de solidarité. Ce prêtre est un Juste, un homme qui a sauvé des Juifs de la catastrophe, de la barbarie, de la honteuse politique des Nazis. Il va tisser, avec le jeune garçon, les liens d'une très belle amitié qui lui fera réaliser un secret: la transmission de la judéité menacée. 

Alors on ne pleure pas avec ce roman. Eric-Emmanuel Schmitt ne parvient pas à susciter d'émotion(s). En tout cas, avec moi, il n'y en a pas eu. Enfin si, j'ai été émue à la fin du roman mais la tristesse ressentie n'a pas été le résultat d'une écriture particulièrement émouvante. J'ai été touchée parce que l'histoire rappelle l'horreur de la seconde guerre mondiale: l'arrestation de ces millions de Juifs, leur mise à mort carrément industrialisée, leur disparition, la destruction de leur famille ... Effroyable, n'est ce pas, de perdre des membres de sa famille, de ne plus rien savoir d'eux. Que leur est-il arrivé? Sont-ils morts ou cachés? Sont-ils en vie? Vont-ils revenir? J'ai été émue en imaginant, en essayant de me mettre à la place de celles et ceux qui ont subit. Mais cette émotion émane de l'Histoire écrite par l'humanité et non de l'histoire romancée. Je veux dire par-là que la Shoah suffit à m'émouvoir. Il est donc facile, pour un auteur, même médiocre, de me toucher. Il lui suffit de me rappeler pour que, de nouveau, j'imagine; pour que, de nouveau, je subisse la tristesse. Il en est de ce roman qui ne m'a touchée qu'en raison de la période historique évoquée. En somme, je n'ai pas remarqué de talent dans ce roman qui ne m'a pas véritablement marqué; l'émotion, si elle était, un peu, est le résultat d'une triste réalité qui n'a pas besoin de génie pour faire pleurer. En bref, le roman est à conseiller pour ce qu'il est: une histoire à découvrir avec facilité et simplicité. 

L'enfant de Noé, Eric-Emmanuel Schmitt, Le Livre de Poche, 128p, 5.10€

lundi 12 octobre 2015

Mon père est femme de ménage - Saphia Azzedine

C'est drôle, c'est plein d'ironie. C'est touchant et attendrissant. Ecrit d'une plume fluide et agréable, ce roman raconte un jeune adolescent de 14 ans qui habite la banlieue; un adolescent issue d'une famille modeste qui rêve, comme beaucoup de jeunes de son âge, de tout ce qu'il n'a pas. Pour lui, c'est la beauté, l'élégance, la richesse et le succès. Paul rêve aussi d'une autre famille; d'une famille plus aisée, moins "prolo"; d'une famille qui peut se permettre ce qu'elle veut, notamment des vacances chaque été. Il rêve, ce jeune garçon, d'un père capable de relever la tête, capable de faire autre chose que ce métier qu'il abhorre tant. C'est le titre: son père est "femme de ménage" et Paul en a honte. Il a honte de lui et de sa famille. Il a honte de ce qu'il imagine représenter aux yeux des autres. Tout ce qu'il souhaite: c'est être autre, c'est devenir quelqu'un d'autre. Quelqu'un d'autre que son père. 

Saphia Azzedine a du talent, c'est indéniable. Elle sait écrire. Elle sait raconter. Elle sait dire la douleur avec douceur. Elle sait dire l'horreur avec ironie. Elle sait approcher le trash avec élégance mais, parce qu'il y a un mais, le ton adopté m'a lassée. Il manque de diversité et il est à peu près le même - je trouve - que celui qu'elle nous a présenté dans Confidence à Allah, roman que j'ai apprécié notamment pour son ton décalé. Sauf que cette fois, ça n'a pas trop fonctionné. Dommage. Il reste, tout de même, à conseiller pour le bon petit moment qu'il promet. 

Mon père est femme de ménage, Saphia Azzedine, Editions Léo Scheer, 171p,17€

dimanche 11 octobre 2015

Le beau monde - Harriet Lane


Mouais, bof. Sans plus. C'est plat, sans rythme, sans grand intérêt. Ça se lit - très rapidement même - mais ça se lit sans passion, sans conviction. Le personnage principal, Frances Thorpe, est agaçant, on ne comprend pas véritablement ses intentions, on ne sait pas pourquoi elle tient soudain à prendre la place de la mère défunte. Le fil de l'histoire se détend quant à lui beaucoup trop facilement, c'est trop simple, trop facile... Je m'étonne du commentaire de Version Femina (publié à l'intérieur de la couverture) qui écrit:" L'auteur, avec un sens de l'observation inouï, nous livre le portrait au scalpel d'une calculatrice hors pair. Et qui fait froid dans le dos." Froid dans le dos, carrément. Sérieux? Je rigole. Je m'étonne également du commentaire là aussi élogieux de Prima (toujours à l'intérieur de la couverture) qui parle d'un roman "brillant, féroce, montrant une parfaite maîtrise de la psychologie humaine". Oui si on parle de psychologie de comptoir mais sinon ... Non vraiment, ce roman est à oublier. Il n'y a aucun intérêt à voir une femme, agaçante, chercher à intégrer une famille pour gagner en position sociale et briller d'une "lumière" qui lui manquait jusque-là.

Le beau monde, Harriet Lane, France Loisirs, 327p, 17.50€


vendredi 9 octobre 2015

Home - Toni Morrison

Il est court, rapide à lire. Il écrit d'une traite, avec une certaine douceur, la "petite" histoire des Etats-Unis. C'est la ségrégation qui mine le pays, c'est la guerre ratée en Corée. Et c'est Frank Money, un "noir" originaire de Géorgie, vétéran de la guerre de Corée, que l'on rencontre dans ce roman. C'est un homme touché, meurtri, blessé que l'on découvre dans ce récit. Il a, comme tout homme envoyé en guerre, des images qui hantent son esprit. Il est, comme beaucoup de vétérans, j'imagine, occupé par "ses" fantômes qui se promènent dans sa tête remplie. Rentré au pays, il vit dans une prison que sa conscience a elle-même bâtie. Polipe le disait: "Il n'y a pas de témoin plus redoutable, pas d'accusateur plus implacable que la conscience qui sommeille en chaque homme". Pris de folie par des souvenirs qui se rappellent à lui, incapable de maîtriser ses émotions, Frank Money part à la recherche de sa sœur dont la vie est en danger pour la ramener dans le village de leur enfance, un village qu'ils ont essayé de fuir par le passé.

On relit, dans ce roman, la tragédie subie par les "noirs" aux Etats-Unis. On repense à leurs souffrances, à leurs tristesses, à leurs douleurs et on se dit, comme toujours, "quels horreurs!". On réfléchit, encore et encore, à la haine qui se déversait (et se déverse toujours) sur eux. Pourquoi? Mais enfin, pourquoi? A cause d'une couleur de peau? Sérieusement? Eh oui, sérieusement. Et sérieusement, on s'interroge pour, comme d'habitude, ne pas trouver réponse aux questions posées. Comment expliquer la haine? Comment expliquer le mal? On ne découvre rien dans ce roman. On lit ce qu'on sait déjà mais on lit pour se rappeler, pour ne pas oublier que la haine de l'Autre fait bien des dégâts. Et dans ces dégâts, il y a des gens qui essayent de s'en sortir, qui essayent de survivre. Pour tenir la tête hors de l'eau, pour ne pas sombrer, ils travaillent d'arrache pied. C'est le sens de la débrouille, le pouvoir de faire avec presque rien. Dans ces conditions, aucun étonnement, le corps et le cœur s'endurcissent. Et c'est là, dans cette capacité à résister, que la victime de l'Histoire retrouve sa dignité. Toni Morrison donne ainsi une certaine puissance à ses personnages, surtout féminins. Elle leur donne un sens des responsabilités qui nous fait nous rappeler que les individus ne sont pas que des victimes à pleurer.

Home, Toni Morrison, Edition 10/18, 142p, 6.10€


Nous étions les Mulvaney - Joyce Carol Oates

Ils étaient les Mulvaney, une famille soudée, heureuse et comblée; une famille qui vivait simplement les petits bonheurs de la vie. Ils étaient touchés par la grâce et la bonté jusqu'à ce qu'un drame vienne les frapper. C'est le début, alors, de la déchéance. Les liens, si serrés, se relâchent. Le froid s'installe. Le silence s'impose. Les rires disparaissent. La famille se disloque. Certains s'en vont, d'autres restent. La tristesse les ronge. La colère les aveugle. La famille Mulvaney n'est plus ce qu'elle était. Elle s'est laissée dévastée par le drame qui a ouvert la porte aux injustices. Elle a laissé saigner son sang parce qu'elle n'a pas voulu, pas chercher à panser la blessure qu'ils lui ont infligée. 

Joyce Carol Oates, dans ce roman très fourni, nous raconte ainsi le drame familiale. Elle écrit l'histoire d'une famille heureuse qui n'a pas su maintenir, dans la douleur, la solidarité qu'elle a su offrir quand il y avait du bonheur. Mais que reste-t-il donc de la famille quand celle-ci ne sait pas affronter les souffrances de la vie? La famille n'est-elle pas censée être ce lieu privé qui protège ses membres des dangers supposés venir de l'extérieur? N'est-elle pas censée les abriter, les cajoler quand ils ont souffert de ces dangers? Et si elle ne le fait pas, que reste-t-il d'elle? A quoi sert-elle? Que signifie-t-elle? Qu'a-t-elle donc à offrir à celui ou celle qui a été touché de plein fouet? C'est compliqué, n'est-ce pas? Rien n'est simple, n'est-il pas? La famille n'est pas forcément un lieu de protection. Elle n'est pas forcément un refuge, un lieu de bonheurs et de plaisirs. Elle n'a pas forcément la force requise pour soigner les blessures des membres touchés. La famille, après tout, est à l'image des individus qui la font. Elle évolue au gré de leurs humeurs et de leur état d'esprit. Elle est le reflet de leur état d'âme. Le roman le montre avec une certaine efficacité. Il faut donc le lire pour le tableau familial qu'il réussit à dessiner avec, il faut l'avouer, un peu trop d'encre versé. Mais enfin, on ne saurait s'étonner de retrouver des longueurs dans un tel pavé.

Nous étions les Mulvaney, Joyce Carol Oates, France Loisirs, 720p, 9.00€

dimanche 4 octobre 2015

Shlomo le Kurde - Samir Naqqash

Il est Kurde de confession juive. Il habite Sablakh, aujourd'hui Mahabad. Il est solide, robuste, fidèle, généreux et responsable. Il est un homme riche, intègre doué de qualités. Il est presque parfait; presque parce qu'il commet, lui aussi, des erreurs mais ses manquements, dans ce roman, ne sont "rien" comparé à ses bienfaits car Shlomo Kattani, dit Shlomo le Kurde, est capable du meilleur dans le pire. C'est lui qui a en partie réussi, en tant de guerre, a conservé un peu de cette harmonie, de cette vie paisible qui existait parmi les différentes communautés - ethniques ou religieuses. Kurdes, arabes, azéris, juifs, sunnites, chrétiens, chiites vivaient effectivement ensemble à Sablakh; un ensemble qui devait être sauvé dans ce chaos invité en même temps que les puissances étrangères venues s'affronter. C'est la première guerre mondiale: ce sont les Ottomans, les Allemands et les Russes qui sont venus poursuivre à Sablakh le combat mené ailleurs jusque-là. 

Sablakh est ainsi touchée. Elle n'est pas épargnée. Elle est occupée par ces étrangers qui n'ont ni foi, ni loi. Ils détruisent la ville, la pillent, l'affament. Ils la salissent par la haine qu'ils se plaisent à recracher. Ils la salissent par le sang qu'ils font couler; le leur et celui des différentes communautés. Par représailles, en effet, qui se plait à massacrer les Juifs, qui s'amuse à tuer les Musulmans. La ville, bien que démunie, faible, va tout de même essayer de résister. C'est Shlomo le Kurde qui pense la solidarité. C'est lui qui aide bien des familles laissées à l'abandon, c'est lui qui incite les Juifs à abriter les Musulmans; des Juifs qui seront à leur tour sauvés par les Musulmans. Mais la guerre est ce qu'elle est ... il ne pourra y résister, il sera contraint au départ. Il sera contraint à l'errance, celle du kurde juif iranien; celle de l'immigré qui devra, toujours, relever la manche pour survivre loin de sa terre, loin de son pays. 

C'est la guerre que raconte ce roman; la guerre qui vient remettre en cause le peu d'harmonie qu'il y avait dans la région; la guerre qui vient implanter sa rage et sa haine, qui vient diffuser, on le sait, ses idées nauséabondes. C'est la vie qui bascule, la paix qui disparaît, la beauté qu'on ne voit plus. C'est la mort qui rôde, les corps qui tombent, les larmes qui se versent, les cœurs qui se déchirent. C'est l'absurde qui domine, l'incompréhension qui s'affirme. C'est une vie qui a perdu de son sens, une vie qu'on ne maîtrise plus; une vie qui demande pourtant des efforts en faisant naître un peu d'espoir; suffisamment pour ne pas se flinguer et travailler à la survie; la survie de tout ce qui fait le meilleur de l'humanité. 

Ce roman aborde ainsi des thèmes intéressants mais cela ne suffit pas à bien le noter. C'est qu'il a ses lacunes. Il est, parfois, ennuyant, lassant. Il est, parfois, répétitif et donc épuisant. Il n'est pas le coup de cœur que je pouvais espérer, malheureusement. Il n'est donc à conseiller qu'à celles et ceux qui y trouvent un intérêt.

Shlomo le Kurde, Samir Naqqash, Edition Galaade, 456p, 24€