C'est l'Arménie que je retrouve dans ce livre, pays qui a vu son peuple souffrir atrocement, loin des regards et dans un silence inquiétant. Nul ne peut le contester, les Arméniens ont subit les crimes les plus atroces, les injustices les plus insupportables; parce que différents, parce que chrétiens, parce qu'arméniens. Ils ont été victimes de génocide. On a voulu les détruire, les supprimer. Ils sont des milliers (plus d'un millions de morts) à avoir tout simplement disparus. Ils ne sont plus. Ils ne sont que dans le souvenir des survivants, dans la tête de celles et ceux qui ont réussi à échapper à la mort. Ceux-là ont vécu, oui, mais avec le cœur chargé, les yeux embués, l'esprit tourmenté. Et c'est ce que nous raconte Gaya Guérian. D'origine arménienne, l'auteure nous écrit le drame qui a touché les membres de sa famille. C'est sa grand-mère, Achrène, qui a survécu au génocide. C'est sa mère, Chenorig, devenue Azad (liberté), qui a échappé à la noyade. Ce sont des femmes à qui l'on a tout pris, qui ont tout perdu et qui se sont retrouvées seules au monde. C'est forcément triste et émouvant. C'est forcément horrible à penser et imaginer mais il faut toujours continuer à raconter pour ne pas oublier les tragédies imposées par les hommes avides de sang. A travers ses vies brisées, Gaya Guérian évoque d'autres sujets: la vie après le drame, la souffrance du survivant, la constitution de son identité, l'exil, les souvenirs, la nostalgie ... etc. Elle raconte ce que beaucoup d'opprimés, de réfugiés, d'exilés ont à connaitre également. Elle dit aussi le silence qui pèse, son rapport à l'identité et malheureusement pour moi, sur ce sujet, elle en dit peu. J'aurais aimé en effet que l'auteure écrive davantage, qu'elle nous livre beaucoup plus, qu'elle nous explique précisément ce que c'est que d'être la fille de survivants arméniens, comment se lit le silence qui pèse dans la famille, quelle place est accordée au passé, comment il envahit le présent, comment on vit avec cette histoire chargée, s'il est possible de s'en détacher.. etc. Elle répond mais pas suffisamment. J'ai eu l'impression, en effet, que le récit n'était pas suffisamment nourri ou qu'il était mal nourri. J'ai eu le sentiment d'un manque, d'une absence comme si le livre n'était pas complet, pas assez fouillé, pas assez expliqué. Il m'a manqué quelque chose. Et plus qu'un témoignage, j'ai parfois eu l'impression de lire un roman mal ficelé, un roman un peu tiré par les cornes. Qui se souvient par exemple de ce qu'il a vécu à deux/trois ans? Moi pas. Je suis donc toujours étonnée de lire des personnages qui se souviennent de leur petite enfance. Passe encore dans un roman, l'auteur y fait ce qu'il veut, mais dans un témoignage, est-ce bien crédible? J'en doute quelque peu.
Livre envoyé par la maison d'édition XO en partenariat avec Babelio.
L'Arménienne, l'indestructible fil de la vie, Gaya Guérian, Edition XO, 269p, 17.90€
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