Il est Kurde de confession juive. Il habite Sablakh, aujourd'hui Mahabad. Il est solide, robuste, fidèle, généreux et responsable. Il est un homme riche, intègre doué de qualités. Il est presque parfait; presque parce qu'il commet, lui aussi, des erreurs mais ses manquements, dans ce roman, ne sont "rien" comparé à ses bienfaits car Shlomo Kattani, dit Shlomo le Kurde, est capable du meilleur dans le pire. C'est lui qui a en partie réussi, en tant de guerre, a conservé un peu de cette harmonie, de cette vie paisible qui existait parmi les différentes communautés - ethniques ou religieuses. Kurdes, arabes, azéris, juifs, sunnites, chrétiens, chiites vivaient effectivement ensemble à Sablakh; un ensemble qui devait être sauvé dans ce chaos invité en même temps que les puissances étrangères venues s'affronter. C'est la première guerre mondiale: ce sont les Ottomans, les Allemands et les Russes qui sont venus poursuivre à Sablakh le combat mené ailleurs jusque-là.
Sablakh est ainsi touchée. Elle n'est pas épargnée. Elle est occupée par ces étrangers qui n'ont ni foi, ni loi. Ils détruisent la ville, la pillent, l'affament. Ils la salissent par la haine qu'ils se plaisent à recracher. Ils la salissent par le sang qu'ils font couler; le leur et celui des différentes communautés. Par représailles, en effet, qui se plait à massacrer les Juifs, qui s'amuse à tuer les Musulmans. La ville, bien que démunie, faible, va tout de même essayer de résister. C'est Shlomo le Kurde qui pense la solidarité. C'est lui qui aide bien des familles laissées à l'abandon, c'est lui qui incite les Juifs à abriter les Musulmans; des Juifs qui seront à leur tour sauvés par les Musulmans. Mais la guerre est ce qu'elle est ... il ne pourra y résister, il sera contraint au départ. Il sera contraint à l'errance, celle du kurde juif iranien; celle de l'immigré qui devra, toujours, relever la manche pour survivre loin de sa terre, loin de son pays.
C'est la guerre que raconte ce roman; la guerre qui vient remettre en cause le peu d'harmonie qu'il y avait dans la région; la guerre qui vient implanter sa rage et sa haine, qui vient diffuser, on le sait, ses idées nauséabondes. C'est la vie qui bascule, la paix qui disparaît, la beauté qu'on ne voit plus. C'est la mort qui rôde, les corps qui tombent, les larmes qui se versent, les cœurs qui se déchirent. C'est l'absurde qui domine, l'incompréhension qui s'affirme. C'est une vie qui a perdu de son sens, une vie qu'on ne maîtrise plus; une vie qui demande pourtant des efforts en faisant naître un peu d'espoir; suffisamment pour ne pas se flinguer et travailler à la survie; la survie de tout ce qui fait le meilleur de l'humanité.
Ce roman aborde ainsi des thèmes intéressants mais cela ne suffit pas à bien le noter. C'est qu'il a ses lacunes. Il est, parfois, ennuyant, lassant. Il est, parfois, répétitif et donc épuisant. Il n'est pas le coup de cœur que je pouvais espérer, malheureusement. Il n'est donc à conseiller qu'à celles et ceux qui y trouvent un intérêt.
Shlomo le Kurde, Samir Naqqash, Edition Galaade, 456p, 24€
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