Ils étaient les Mulvaney, une famille soudée, heureuse et comblée; une famille qui vivait simplement les petits bonheurs de la vie. Ils étaient touchés par la grâce et la bonté jusqu'à ce qu'un drame vienne les frapper. C'est le début, alors, de la déchéance. Les liens, si serrés, se relâchent. Le froid s'installe. Le silence s'impose. Les rires disparaissent. La famille se disloque. Certains s'en vont, d'autres restent. La tristesse les ronge. La colère les aveugle. La famille Mulvaney n'est plus ce qu'elle était. Elle s'est laissée dévastée par le drame qui a ouvert la porte aux injustices. Elle a laissé saigner son sang parce qu'elle n'a pas voulu, pas chercher à panser la blessure qu'ils lui ont infligée.
Joyce Carol Oates, dans ce roman très fourni, nous raconte ainsi le drame familiale. Elle écrit l'histoire d'une famille heureuse qui n'a pas su maintenir, dans la douleur, la solidarité qu'elle a su offrir quand il y avait du bonheur. Mais que reste-t-il donc de la famille quand celle-ci ne sait pas affronter les souffrances de la vie? La famille n'est-elle pas censée être ce lieu privé qui protège ses membres des dangers supposés venir de l'extérieur? N'est-elle pas censée les abriter, les cajoler quand ils ont souffert de ces dangers? Et si elle ne le fait pas, que reste-t-il d'elle? A quoi sert-elle? Que signifie-t-elle? Qu'a-t-elle donc à offrir à celui ou celle qui a été touché de plein fouet? C'est compliqué, n'est-ce pas? Rien n'est simple, n'est-il pas? La famille n'est pas forcément un lieu de protection. Elle n'est pas forcément un refuge, un lieu de bonheurs et de plaisirs. Elle n'a pas forcément la force requise pour soigner les blessures des membres touchés. La famille, après tout, est à l'image des individus qui la font. Elle évolue au gré de leurs humeurs et de leur état d'esprit. Elle est le reflet de leur état d'âme. Le roman le montre avec une certaine efficacité. Il faut donc le lire pour le tableau familial qu'il réussit à dessiner avec, il faut l'avouer, un peu trop d'encre versé. Mais enfin, on ne saurait s'étonner de retrouver des longueurs dans un tel pavé.
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