On sait qu'ils veulent l'Umma, qu'ils veulent voir revenir le Califat et qu'ils sont prêts à tout pour cela: meurtres, assassinats, violences et attentats. Ils veulent à tout prix créer leur Etat qui fera vivre la Charia. Mais que sait-on d'autres? D'où viennent-ils? De quelle idéologie se nourrissent-ils? Pourquoi cette conviction dans l'action? Comment parviennent-ils à convaincre les foules? L'Etat Islamique nous interroge aujourd'hui. Par sa violence qui fait horreur et sa détermination, par ses menaces et ses exactions, il nous oblige à questionner l'objet de sa lutte acharnée, à comprendre les raisons de son succès, à entendre la vision qu'il se fait de la société. Et ce livre nous aide à mieux les cerner. Pourtant, ce n'est pas d'eux qu'il s'agit. Publié en 1984, Le Prophète et Pharaon ne peut évoquer ce groupe qui n'est pas encore crée. Cependant, en nous informant sur ces mouvements islamistes qui naissent et se développent dans une Egypte nouvellement indépendante, il parvient à nous éclairer sur celui-là même qui aujourd'hui fait monter la température de l'actualité.
Dans ce livre d'un très grand intérêt, Gilles Kepel nous parle, en effet, de tout ce qui peut nous aider à comprendre le phénomène observé: l'apparition des mouvements islamistes, le contenu de leurs idéologies, leurs réflexions, leurs ambitions, leurs moyens d'actions et leurs hésitations. On apprend aussi beaucoup sur les désaccords et les tensions qui peuvent animer les différentes organisations. A bien des égards, le cas égyptien permet d'approcher un peu la complexité de ce qui nous semble si étranger.
Dans ce pays qui voit naître, en 1928, la célèbre Association des Frères Musulmans d'Hassan Al Banna, on aperçoit des mouvements islamistes qui se font et se refont en réponse à la dure répression de Nasser et, plus tard, de Sadate. La défaillance de l'Etat et son intransigeance vis à vis des Frères Musulmans nourrissent, en effet, inlassablement la radicalisation des nouvelles générations. Chaque coup de pied des autorités ouvre la voie des contestations et des désaccords au sein du mouvement islamiste. Les Frères Musulmans perdent leur influence au profit de quelques personnalités qui tiennent un discours plus exalté. C'est Sayyid Qutb qui, de sa prison, prône la lutte armée contre les autorités égyptiennes jugées impies, considérant les prônes et les discours comme insuffisants pour instaurer le règne de Dieu sur Terre; c'est Chukri Mustapha qui crée sa petite Société musulmane en prônant la séparation physique avec la société considérée comme jahiliyya (non musulmane) et en pratiquant, sans hésitation, l'excommunication; c'est Faraj qui appelle ouvertement au jihad contre ce Prince pervers (Sadate) qui use d'un pouvoir qui ne peut revenir qu'à Dieu...etc. Sous Nasser et Sadate, l'Etat répressif voit donc apparaître des mouvements islamistes qui, d'accord pour la création d'un Etat islamique fondé sur la Charia, s'opposent de plus en plus sur la voie pour y parvenir. Le réformisme des anciens ne séduit plus. Les jeunes générations veulent en découdre avec cette autorité politique incapable de respecter l'Islam, religion qui, selon eux, ne peut supporter la séparation du spirituel et du temporel et qui doit revenir à ce qu'elle était entre 622 et 660.
Passionnant, ce livre nous en dit beaucoup sur les motivations des mouvements islamistes, sur leur grille de lecture et d'analyse, sur leur rapport avec l'Etat et la société, sur leurs débats et leurs désaccords. Certes, ils ne parlent que de ceux qui sont nés en Egypte mais tout porte à croire qu'ils ont nourri les générations futurs qui aujourd'hui en Syrie et en Irak réussissent là où ils ont échoué.
Dans ce livre d'un très grand intérêt, Gilles Kepel nous parle, en effet, de tout ce qui peut nous aider à comprendre le phénomène observé: l'apparition des mouvements islamistes, le contenu de leurs idéologies, leurs réflexions, leurs ambitions, leurs moyens d'actions et leurs hésitations. On apprend aussi beaucoup sur les désaccords et les tensions qui peuvent animer les différentes organisations. A bien des égards, le cas égyptien permet d'approcher un peu la complexité de ce qui nous semble si étranger.
Dans ce pays qui voit naître, en 1928, la célèbre Association des Frères Musulmans d'Hassan Al Banna, on aperçoit des mouvements islamistes qui se font et se refont en réponse à la dure répression de Nasser et, plus tard, de Sadate. La défaillance de l'Etat et son intransigeance vis à vis des Frères Musulmans nourrissent, en effet, inlassablement la radicalisation des nouvelles générations. Chaque coup de pied des autorités ouvre la voie des contestations et des désaccords au sein du mouvement islamiste. Les Frères Musulmans perdent leur influence au profit de quelques personnalités qui tiennent un discours plus exalté. C'est Sayyid Qutb qui, de sa prison, prône la lutte armée contre les autorités égyptiennes jugées impies, considérant les prônes et les discours comme insuffisants pour instaurer le règne de Dieu sur Terre; c'est Chukri Mustapha qui crée sa petite Société musulmane en prônant la séparation physique avec la société considérée comme jahiliyya (non musulmane) et en pratiquant, sans hésitation, l'excommunication; c'est Faraj qui appelle ouvertement au jihad contre ce Prince pervers (Sadate) qui use d'un pouvoir qui ne peut revenir qu'à Dieu...etc. Sous Nasser et Sadate, l'Etat répressif voit donc apparaître des mouvements islamistes qui, d'accord pour la création d'un Etat islamique fondé sur la Charia, s'opposent de plus en plus sur la voie pour y parvenir. Le réformisme des anciens ne séduit plus. Les jeunes générations veulent en découdre avec cette autorité politique incapable de respecter l'Islam, religion qui, selon eux, ne peut supporter la séparation du spirituel et du temporel et qui doit revenir à ce qu'elle était entre 622 et 660.
Passionnant, ce livre nous en dit beaucoup sur les motivations des mouvements islamistes, sur leur grille de lecture et d'analyse, sur leur rapport avec l'Etat et la société, sur leurs débats et leurs désaccords. Certes, ils ne parlent que de ceux qui sont nés en Egypte mais tout porte à croire qu'ils ont nourri les générations futurs qui aujourd'hui en Syrie et en Irak réussissent là où ils ont échoué.
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