C'est un cri qui s'élance de ce livre; un appel à la paix et la solidarité. L'auteure, sociologue engagée, demande à ce que la collectivité, d'hommes et de femmes, refuse les discours sécuritaires, va-t-en guerre; ces discours d'hommes très bien placés qui nous font croire qu'il faut s'armer, toujours plus, pour vivre en sécurité. Pour l'auteure, le lien n'est pas prouvé, bien au contraire. Plus on s'arme, plus on perd. Et ceux qui perdent sont toujours les mêmes: les plus pauvres, les plus démunis, les plus fragilisés. Et parmi eux, les femmes arrivent en premier. Ce sont elles qui souffrent de ce complexe militaro-industrielle (CMI); cette machine qui ne supporte pas la paix parce qu'elle ne lui apporte pas les profits espérés. L'auteure est antimilitariste car elle est persuadée, à juste titre, que les femmes ne sont pas protégées par ce qui est supposé assurer leur sécurité. En temps de paix, la militarisation de la société les conduit vers l'insécurité économique et sociale parce que la création d'emplois, dans le secteur, ne les concerne que très peu; parce que le discours toujours axé sur la virilisation les reconduit dans le domaine privé; à une image de femme bonne pour le foyer, toujours objet sexualisé. En temps de guerre, ce sont les crimes, les viols et les prostitutions organisées qui s'imposent. En bref et pour résumer, la militarisation de la société ne peut bénéficier aux femmes puisque leur sécurité ne peut être assurée en dehors d'une société pacifiée. Le féminisme ne peut donc se penser qu'en étroite relation avec l'antimilitarisme. Qui contesterait le propos? Pas moi. Ce que je pourrais reprocher, en revanche, c'est le ton employé. Il est plus engagé qu'étudié et je m'interroge sur son efficacité auprès des lecteurs/lectrices moins familiers avec les thèmes évoqués. Seront-ils/elles convaincu(e)s par les propos d'Andrée Michel? Je n'en suis pas si certaine. En lieu et place de ces articles de conférences, une démonstration sociologique aurait peut-être été plus efficace; elle aurait permis à l'auteure d'apporter la preuve "scientifique" des méfaits de l'antimilitarisme sur la condition des femmes dans le monde. Andrée Michel donne des chiffres et des exemples pour étayer ses propos, d'accord, mais sont-ils suffisants pour convaincre les non-initiés; ceux qui n'entendent pas l'abstrait, qui ne voient pas forcément de relation étroite entre la politique des CMI et la condition malheureuse des femmes? L'auteure, sociologue, parle ici de "système", de "concept"; elle pense "global" donc "complexe". Et comment évoquer la complexité avec facilité? Le risque, à trop vouloir la simplifier, est de l'oublier; de tisser des relations mécaniques sans rien expliquer; de faire dans l'évidence. Or, y-a-t-il de l'évidence pour celles et ceux qui n'ont jamais pensé le sujet surtout quand il s'agit de parler du féminisme, si facilement décrié? En lisant les articles ici publiés, j'ai eu l'impression d'un manque d'efficacité, la dénonciation ne suffisant pas à persuader. Il faut, pour convaincre, des études minutieuses et détaillées; ce qu'on ne trouve pas dans cet ouvrage qui est plutôt le résultat, je crois, d'un appel à l'engagement militant. Dommage, par ailleurs, que les articles fassent dans la répétition. Maintenant je me pose la question: qu'en est-il aujourd'hui? Les CMI se sont-ils adaptés à nos sociétés hyper-connectées? Sont-ils soumis à la pression (des ONG, de la société civile...etc) ou parviennent-ils à assurer leur existence sans aucune difficulté?
Livre envoyé par les éditions Ixe.
Livre envoyé par les éditions Ixe.
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