Je pensais à un roman festif, coloré et bien piquant, j'ai trouvé, à la place, un roman noir, sombre et consternant. Plus que la joie et la bonne humeur, ces filles qui font l'admiration du narrateur m'ont, en effet, transmis quelque chose qui relève d'une gêne et d'une peine. J'ai été triste pour elles, pour leur vie, pour les drames et les malheurs qu'elles avaient à subir. Elles veulent échapper à la tristesse de leur pays en profitant de leur jeunesse, en usant de leur corps, en tirant profit de leur beauté mais elles le font avec une certaine démesure, avec une certaine sauvagerie qui donne l'impression d'une fuite en avant comme s'il fallait vivre la vie à pleine dent tant elle est fragile et volatile. Dans ce pays que je ne connais pas, l'Haïti, elles essayent de survivre en riant à gorge déployée. La note sonne fausse et ce n'est pas la joie qu'on ressent car elles ont beau s'habiller de lumière, le décor est trop sombre pour émerveiller. Dans ce pays si violent, leur sexualité débridée ne fait qu’écœurer parce qu'on a l'impression qu'elle n'existe que pour leur assurer la vie. Ce n'est pas ce que j'appelle, moi, la Liberté. C'est plutôt ce que j'appelle, moi, une monnaie d'échange, un ticket de rationnement. Passé ces instants de gêne, je dois reconnaître le talent de l'auteur qui sait écrire de différentes couleurs. Sa plume évolue, se modèle selon les personnages qui parlent et racontent. C'est bien fait et bien écrit mais ça n'a pas suffit pour faire de ce roman un coup de cœur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire