Ses livres se promenaient sur les étagères des librairies et attiraient mon regard sans jamais motiver un achat. Je voyais son nom, ses romans sans jamais faire le pas. C'est un achat obligatoire chez France Loisirs qui explique aujourd'hui ce choix. L'équation africaine est ainsi le premier roman que je lis de Yasmina Khadra, romancier si souvent remarqué mais jamais rencontré.
L'ouvrage raconte l' "Afrique" et sa découverte tragique par un médecin en deuil, le Docteur Kurt Krausmann. Enlevé avec son plus cher ami par des pirates, l'homme, d'origine allemande, va subir tout ce qui fait l'"Afrique" noir et triste: la guerre, la violence, la pauvreté, l'injustice... Il découvre tout ce qu'il savait mais ne connaissait pas; il avait entendu, en effet, mais n'avait jamais rencontré, jamais vécu, jamais vu. La misère humaine jusqu'alors lui échappait, elle est dorénavant à ses pieds. Et forcément elle l'interroge, elle l'étonne, elle le fait réagir. Qu'est-ce? Pourquoi? Comment? D'où vient cette violence qui ne finit pas? Pourquoi la mort trône-t-elle en reine?
Kurt Krausmann est l'homme "occidental" (ce terme pour moi ne signifie pas grand chose); celui qui vit dans un confort, qui connait l'opulence et l'abondance, dont la vie "ordonnée" est assurée par une certaine sécurité; un homme qui va apprendre l'essentiel de la vie au contact d'un "continent" qui lui est étranger. Il apprend, en effet, à relativiser mais il lui faut, avant cela, se perdre et s'interroger.
Le roman a du bon. Il sait dessiner le désert qui fait l'environnement et l'âme humaine. Il sait nous raconter la violence et la haine. Il sait tracer la descente en enfer d'un homme jusque là épargné. Seulement, il fait aussi dans la banalité: l' "Afrique" souffre de nombreux maux mais garde sa "puissante identité", nous dit-il. L'"Afrique" est un continent affaibli mais préserve un rapport sain à la vie, nous raconte-il. L' "Afrique" apparaît comme le continent où la vie, parce qu'elle se fait dans des conditions difficiles, prend son sens véritable. Je ne pourrais prétendre le contraire et sans doute le reproche ne doit-il pas se faire mais enfin, pour ma part, je dois dire que j'ai trouvé cela d'une grande banalité.
Autre lacune à souligner: peut-on réduire le continent africain à quelques propos singuliers? Le langage a l'habitude d'évoquer l'Afrique comme s'il s'agissait d'un pays qui fait bloc. Faut-il rappeler qu'il s'agit d'un continent, forcément pluriel, et qu'il ne suffit pas d'une expérience sur un territoire donné pour évoquer l'Afrique tout entier? L'Afrique est un continent divers et varié. Le rappeler, c'est faire, je le conçois, dans la banalité mais il faut apparemment le souligner pour ne pas faire dans l' "africanisme" comme on ferait de l'"orientalisme". Est-ce ce que Yasmina Khadra veut nous raconter? Veut-il nous dire que l'homme "occidental", dans son expérience avec le continent africain, fait toujours dans la représentation faussée, la généralité et la banalité? Si tel est le cas, le travail est réussi. Sinon ...
Quant au personnage principal, quelques mots sont nécessaires. L'auteur lui fait perdre de sa crédibilité et de sa pertinence quand il lui impose un changement d'état d'esprit aussi rapide que l'éclair. Certes, dans la souffrance et le deuil, l'être humain peut vivre des sentiments contradictoires mais il le vit dans un cercle infernal. Il tourne en rond et ne sort pas de son infini désespoir en une seconde de réflexion. Ce qu'a eu tendance à faire, il me semble, le docteur Kurt Krausmann.
L'ouvrage raconte l' "Afrique" et sa découverte tragique par un médecin en deuil, le Docteur Kurt Krausmann. Enlevé avec son plus cher ami par des pirates, l'homme, d'origine allemande, va subir tout ce qui fait l'"Afrique" noir et triste: la guerre, la violence, la pauvreté, l'injustice... Il découvre tout ce qu'il savait mais ne connaissait pas; il avait entendu, en effet, mais n'avait jamais rencontré, jamais vécu, jamais vu. La misère humaine jusqu'alors lui échappait, elle est dorénavant à ses pieds. Et forcément elle l'interroge, elle l'étonne, elle le fait réagir. Qu'est-ce? Pourquoi? Comment? D'où vient cette violence qui ne finit pas? Pourquoi la mort trône-t-elle en reine?
Kurt Krausmann est l'homme "occidental" (ce terme pour moi ne signifie pas grand chose); celui qui vit dans un confort, qui connait l'opulence et l'abondance, dont la vie "ordonnée" est assurée par une certaine sécurité; un homme qui va apprendre l'essentiel de la vie au contact d'un "continent" qui lui est étranger. Il apprend, en effet, à relativiser mais il lui faut, avant cela, se perdre et s'interroger.
Le roman a du bon. Il sait dessiner le désert qui fait l'environnement et l'âme humaine. Il sait nous raconter la violence et la haine. Il sait tracer la descente en enfer d'un homme jusque là épargné. Seulement, il fait aussi dans la banalité: l' "Afrique" souffre de nombreux maux mais garde sa "puissante identité", nous dit-il. L'"Afrique" est un continent affaibli mais préserve un rapport sain à la vie, nous raconte-il. L' "Afrique" apparaît comme le continent où la vie, parce qu'elle se fait dans des conditions difficiles, prend son sens véritable. Je ne pourrais prétendre le contraire et sans doute le reproche ne doit-il pas se faire mais enfin, pour ma part, je dois dire que j'ai trouvé cela d'une grande banalité.
Autre lacune à souligner: peut-on réduire le continent africain à quelques propos singuliers? Le langage a l'habitude d'évoquer l'Afrique comme s'il s'agissait d'un pays qui fait bloc. Faut-il rappeler qu'il s'agit d'un continent, forcément pluriel, et qu'il ne suffit pas d'une expérience sur un territoire donné pour évoquer l'Afrique tout entier? L'Afrique est un continent divers et varié. Le rappeler, c'est faire, je le conçois, dans la banalité mais il faut apparemment le souligner pour ne pas faire dans l' "africanisme" comme on ferait de l'"orientalisme". Est-ce ce que Yasmina Khadra veut nous raconter? Veut-il nous dire que l'homme "occidental", dans son expérience avec le continent africain, fait toujours dans la représentation faussée, la généralité et la banalité? Si tel est le cas, le travail est réussi. Sinon ...
Quant au personnage principal, quelques mots sont nécessaires. L'auteur lui fait perdre de sa crédibilité et de sa pertinence quand il lui impose un changement d'état d'esprit aussi rapide que l'éclair. Certes, dans la souffrance et le deuil, l'être humain peut vivre des sentiments contradictoires mais il le vit dans un cercle infernal. Il tourne en rond et ne sort pas de son infini désespoir en une seconde de réflexion. Ce qu'a eu tendance à faire, il me semble, le docteur Kurt Krausmann.
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